L’avionneur franco-italien ATR a livré 64 avions en 2012

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Par Gérard Jouany Modifié le 24 janvier 2013 à 6h19

A ceux qui cherchent un remède aux ennuis de l'avion tout électrique, ultra-sophistiqué tel le 787 de Boeing, nous avons trouvé un début de réponse à Toulouse. L'ATR (Avion de Transport Régional) vient d'annoncer avoir explosé ses scores de livraisons et de prises de commandes, 64 appareils livrés l'an dernier tandis que les équipes commerciales plaçaient 115 avions, principalement des ATR 72-600.Ceci est d'autant plus remarquable que la société (50% appartenant à EADS et 50% à l'italien Finmecanica) produit un avion à hélice.

Elle a failli mourir en 2005 avec seulement 15 avions vendus, les compagnies préférant alors les petits avions à réaction. Coup de chance pour ATR, voilà que le baril de pétrole se met à augmenter dans des proportions jamais vues. Les présidents des compagnies devenus pour une fois raisonnables reprennent alors le chemin de Toulouse pour commander des ATR.

Qu'on ne s'y méprenne pas, malgré ses hélices, l'ATR 72-600 est un avion moderne. Ses ailes sont en partie en carbone. L'avionique, c'est à dire tout ce qui permet aux pilotes de contrôler ses moteurs et de ne pas perdre son chemin est des plus récentes. Tout le reste, contrairement au Boeing 787, fait appel à des recettes éprouvées. Les hélices aux formes recourbées font de l'avion un appareil relativement silencieux, et surtout, il consomme 30 % de moins qu'un avion à réaction équivalent. Bien sûr, il serait vain de comparer le court-moyen courrier ATR au long courrier Boeing 787, les 2 avions ne jouent pas dans la même division. Le prix d'un ATR se situe autour de 20 millions de dollars, il faut compter 10 fois plus pour le 787. Il vole à 500 à l’heure contre 900 pour son « concurrent » américain. Mais Filippo Bagnato, le président d'ATR est formel, « nous ne sommes pas sur un marché de niche, 30 % des passagers dans le monde parcourent des distances en avion de l'ordre de 550 km, ce qui équivaut à 900 millions de clients potentiels par an ».

A Toulouse la chaîne d'ATR est située dans le hall Concorde, tout un symbole pour les 1000 ouvriers qui y travaillent. Faute de place, les ATR viennent de prendre le hangar d'à côté, celui où étaient assemblés les premiers Airbus A-300, c'est là que sont équipés les avions avant qu'ils ne rejoignent leurs compagnies respectives. Nous y avons vu un exemplaire pour la Birmanie, un autre pour une petite compagnie d'Amérique du sud. Curieux marché que celui de l'ATR où les vendeurs doivent se battre contre des concurrents canadiens et brésiliens pour ne vendre parfois qu'un seul avion. « Nous avons pourtant une marge de 8 % » explique dans un demi-sourire le président Bagnato.

Filippo Bagnato voudrait lancer maintenant un ATR-90 pouvant transporter 90 passagers. Cependant celui-ci reconnaît qu'on ne peut pas étirer indéfiniment un avion. Il faudrait donc concevoir un nouvel avion et une aile nouvelle. Ce qui coûterait de l'argent et EADS qui doit lancer le futur A-350 n'en a pas trop. A notre avis, ATR devra patienter. En attendant, le Petit Poucet de Toulouse prévoit de livrer 90 avions en 2014 soit 26 avions de mieux que cette année 2012. Tant il est vrai que les records sont faits pour être battus.

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Gérard JOUANY est actuellement consultant spécialisé dans l'automobile, l'aéronautique et l'espace. Il intervient très régulièrement sur France 24 et dans de nombreux colloques. Auparavant,il est passé par Europe 1, la Cinq et BFM. Avec micro et camera, il s'engage dans ses secteurs de prédilection, en participant à de nombreux Paris Dakar ; il a traversé l'Atlantique une première fois en avion de tourisme et une second en hélicoptère ; il a aussi fait un vol en apesanteur dans un avion du Centre National d'études spatiales. Gérard Jouany collabore également au magazine Couleurs Jazz, encore une de ses passions !  

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