L’Espagne a vécu un revers politique majeur : la réforme emblématique sur le temps de travail, portée par Pedro Sanchez, a été rejetée de justesse au Parlement.
Réduction du temps de travail : la droite espagnole bloque la réforme

Le 10 septembre 2025, le Congrès des députés espagnol a rejeté la réforme gouvernementale visant à réduire le temps de travail hebdomadaire. Ce projet de loi, défendu par le Premier ministre de gauche Pedro Sanchez et sa vice-présidente Yolanda Díaz, entendait passer progressivement de 40 heures à 37,5 heures sans perte de salaire. L’échec du texte, rejeté par une courte majorité portée par la droite et l’extrême-droite, marque un tournant dans le débat sur l’organisation du travail en Europe.
Espagne : un projet ambitieux pour réduire le temps de travail
La réforme sur le temps de travail devait être appliquée en deux étapes. Dès 2025, la durée maximale aurait été abaissée à 38,5 heures, puis à 37,5 heures en 2026, sans affecter les salaires, comme l’a précisé Ouest-France. L’objectif affiché par Pedro Sanchez était de rapprocher l’Espagne des standards européens et d’améliorer la qualité de vie des salariés. Le chef du gouvernement affirmait : « Nous voulons un pays où l’on travaille pour vivre et non où l’on vit pour travailler ».
Le texte incluait également un droit explicite à la déconnexion numérique, l’obligation de registres horaires et des sanctions pouvant atteindre 10 000 euros par salarié en cas de violation, selon RTVE. Le ministère du Travail avait calculé que cette réforme aurait concerné environ 12,5 millions de travailleurs et constituait la mesure sociale phare du mandat, défendue avec vigueur par Yolanda Díaz.
La droite fait barrage à la baisse du temps de travail
Le jour du scrutin, les amendements présentés par le Parti populaire (PP), Vox et Junts, coalition de droite, ont suffi à bloquer le texte dès son entrée en débat. Le rejet a été acté par 178 voix contre, contre 170 pour, tandis que huit députés se sont abstenus, selon RTVE. Une différence minime qui illustre les tensions qui traversent le Parlement espagnol.
Les arguments des opposants se sont concentrés sur la viabilité économique. Un député du PP a ainsi dénoncé « un projet insensé qui met en péril la compétitivité des entreprises ». De son côté, la droite a qualifié cette réforme d’« idéologique » et de danger pour la croissance.
La coalition gouvernementale n’a pas réussi à convaincre Junts de retirer son amendement global. Joaquín Pérez Rey, secrétaire d’État au Travail, a déclaré que « les partisans de Puigdemont commettent une grave erreur, car ils ne nuisent pas au gouvernement mais à 12,5 millions de travailleurs ».
Un revers politique pour Pedro Sanchez et Yolanda Díaz
Ce rejet constitue un coup dur pour le gouvernement de Pedro Sanchez et surtout pour Yolanda Díaz, qui avait fait de la réduction du temps de travail son dossier majeur. La ministre du Travail avait assuré lors du débat : « Les travailleurs qui manifestent aujourd’hui dans toute l’Espagne vont rendre ce projet possible » relaye Noticias Trabajo.
Les syndicats CCOO et UGT ont soutenu la réforme jusqu’au bout, dénonçant un « coup porté aux travailleurs » après le vote. À l’inverse, la principale organisation patronale avait alerté sur les risques financiers pour les entreprises. Le projet, pourtant approuvé en Conseil des ministres le 6 mai 2025, se voit désormais enterré sans possibilité de débat article par article. La majorité absolue rassemblée par le PP, Vox et Junts, soit 177 députés, a ainsi suffi à stopper net l’une des réformes sociales les plus ambitieuses de l’actuel gouvernement espagnol.
