Banque publique d’investissement : une fausse bonne idée ?

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Par Jean-Marc Daniel Modifié le 11 juin 2012 à 6h29

Dans le programme de l’Union de la Gauche de 1972, on trouvait déjà la promesse d’une « Banque nationale d’investissement… » Elle ne vit pas le jour, mais l’Etat acheva de s’emparer du secteur bancaire en 1981, assumant ainsi le rôle de premier financeur de l’économie. L’aventure se termina piteusement dans la faillite du Crédit Lyonnais.

Fondée sur des velléités de politique industrielle et portée par l’oubli, la création de la Banque publique d’investissement (la BPI) doit dynamiser notre tissu d’entreprises.

Derrière ce projet, il y a un diagnostic heureux : la croissance repose sur l’investissement. Pendant trop longtemps, de Mitterrand à Chirac, la France a entretenu sa consommation à crédit en proclamant que cela lui donnait croissance et emplois. Le temps de la lucidité est venu et l’investissement est devenu une priorité. Pour y parvenir, il y a dans le programme de François Hollande une bonne idée : baisser l’impôt sur les sociétés à 15%.

Nous sommes dans un pays dont les entreprises investissent peu et où malgré tout leur taux d’autofinancement est de 60%, signe d’une situation financière détériorée. Il est donc sain de baisser leurs impôts. Et il ne faut pas limiter ce taux de 15% aux PME, comme prévu par les engagements du Président, mais l’étendre à toutes les entreprises.

Mais il y a dans le programme de François Hollande une mauvaise idée : confier à un acteur public- la BPI- le soin de financer des projets, de soutenir l’investissement, de « préparer l’avenir ». Il y a trois ans, le gouvernement de l’époque avait annoncé son intention de lancer un « grand emprunt » de 100 Mds € pour financer des « dépenses d’avenir ». Heureusement, l’enveloppe finale fut trois fois moins élevée !!

Aujourd’hui, avec la BPI, on envisage de nouveau que des décideurs publics arbitrent notre avenir. Que vont-ils financer : des abattoirs à la Villette ? un plan calcul pour nous doter d’une industrie informatique ? un plan machine outil pour rivaliser avec les Allemands ? un avion supersonique ? Non, car toutes ces bêtises ont déjà été faites…

Les dépenses d’avenir, ce sont les banques privées qui les financent. Prenant le risque de voir leurs fonds propres emportés par leurs erreurs, elles analysent et évaluent la qualité des investissements et des investisseurs. L’investissement relève de la logique de l’entrepreneur. Il faut en écarter le décideur public, -« le planificateur »-, qu’il soit en ligne directe ou caché en prêteur.

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Jean-Marc Daniel enseigne l’économie à l’ESCP Europe. Chroniqueur au journal « Le Monde » et sur « BFM Radio », il dirige également la revue « Sociétal ». Il est également l’auteur de : « Le taureau face aux tigres » aux Editions Pearson « Histoire vivante de la pensée économique » aux Editions Pearson

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