Non, le cannabis n’est pas une drogue douce mais une drogue lente

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Par Charles Sannat Modifié le 14 mars 2019 à 10h38
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@shutter - © Economie Matin

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Je ne suis pas médecin, mais je vois ce que je vois. J’observe. Je discute, je parle, j’écoute.

Il ne se passe pas une journée ou presque sans que l’on me vante les mérites du cannabis, vous savez, le machin qui se fume et que c’est même vachement bien de le fumer.

On me le vante pour ses vertus… Charles, tu sais, c’est super bien, ça fait pas de mal, c’est que des plantes, en plus ça détend, ça te ferait le plus grand bien. Ca calme les douleurs, ça permet de mieux dormir, c’est en un mot « génial ». Charles, l’usage thérapeutique, Charles, l’usage récréatif, Charles, Charles, Charles…

On me le vante comme produit de placement! Charles tu sais, c’est la révolution verte, le cannabis est en train d’être légalisé, regardes au Canada ou aux Etats-Unis, franchement, tu devrais acheter des actions de producteurs de Cannabis, on va se gaver et gagner tout plein de sous!!! Je trouve que gagner de l’argent c’est, très très bien, et je ne fais pas le moraliste de bas étages sur ce sujet, mais je rajouterai tout de même… pas n’importe comment !

Les propositions pour investir dans le cannabis abondent ! Si vous rentrez la recherche « investir dans le cannabis » vous aurez des pages et des pages sur Google.

C’est le moins que l’on puisse dire. Un petit tour sur Internet et vous serez pourvu pour les 10 prochaines décennies en herbe d’agrément…

Cela représentera un marché valant certainement des milliards, les milliards de l’aliénation. Pourquoi pas.

J’ai hâte de voir les politiques « socialement responsables » que mettront en place ces firmes avec sans doute une mention sur les paquets de « shit » (merde en anglais) du genre « trop de chichon c’est pas très bon », « pour votre bien (et celui de nos actionnaires) merci de vous droguer avec modération » ou encore « un joint ça va, deux joints c’est trop, et 3 joints bonjour les fuites »…. ma femme me glisse à l’oreille que l’on ne parle pas de plomberie…

C’est « cool » la fumette, et pas fumer c’est être un vieux con…

Et bien, non ce n’est pas cool, le cannabis n’est pas une drogue douce, et n’est pas non plus « récréatif » parce qu’il peut avoir de terribles conséquences trop souvent occultées, et que dans presque tous les cas, il en a une dont je peux visualiser chaque jour les effets massifs sur notre jeunesse. J’y reviendrais.

Je vous passe le fait qu’il y a plus de particules cancérigènes dans le cannabis que dans le tabac, je vous passe le fait que l’on meure d’avoir fumer dans des accidents de voitures comme on meure avec trois verres de trop, se tuer soi-même étant une chose, tuer les autres en étant une autre, je vous passe même le fait que quand « on chichonne » beaucoup, on finit par « beaucoup déconner »… Pour le moment scientifiquement, on a de très gros doutes, et les médecins s’accordent à dire que le cannabis joue un rôle (et pas uniquement lui) dans la décompensation de maladies psychiatriques comme par exemple la skizophrénie… et oui!

Pourtant ce que je vois c’est des mous au lieu de la force de la jeunesse.
Pourtant ce que je vois, c’est des « fous » là où il y avait des gens « normaux ».
Pourtant ce que je vois, c’est des parents qui disent « je ne sais plus quoi faire ».
Pourtant ce que je vois, c’est des jeunes qui ne « travaillent pas ».
Pourtant ce que je vois, ce ne sont pas des gens qui se sont « amusés », je vois des gens tristes et malheureux. Il n’y a rien de récréatif dans le malheur.

Je ne vois rien de « cool ».
Je ne vois rien de beau.
Je ne vois rien d’enthousiasmant, ou d’emportant.

Vous me direz, Charles, l’alcool c’est la même chose. Oui l’alcool détruit à forte dose, mais je vois des gens joyeux quand ils ont bu un verre ou deux, je vois même des gens heureux de faire la fête. Pour les alcooliques il n’y a plus aucun bonheur.

Mais je ne vois aucun fumeur de cannabis heureux, je ne vois que des gens éteints, réduits à l’état de larve. Pas un seul. J’en vois des milliers, dans chaque famille, c’est une épidémie massive d’extinction de notre envie.

Il faut remplacer les LBD par le LBC !

Remarquez, pour le contrôle social c’est parfait, ils sont d’une mollesse exemplaire. Très peu de différence entre un mollusque sur son rocher et un jeune (ou moins jeune) fumeur de cannabis sur son canapé. Ils y restent accrochés consciencieusement. Le mollusque comme le fumeur de cannabis ne représente aucune menace.

D’ailleurs si quelqu’un pouvait suggérer à notre Castaner de remplacer les Lanceurs de Balles de Défense les LBD par des LBC des lanceurs de boulettes de cannabis, je peux vous assurer que rapidement les gilets jaunes seraient couchés et avachis sur les trottoirs….

Christophe, franchement, personne ne te dit jamais rien place Beauvau? Mon cricri tu es vraiment très mal conseillé! Distribution de « beuh » gratuite à tous les protestataires… et puis au besoin « Yaka » faire des grenades lacrymo au cannabis, franchement aucune ambition dans l’innovation appliquée au maintien de l’herbe… heu, de l’ordre! Et là, plus un pavé de lancé… bien trop lourd!

« Monsieur Sannat, le « chichon », n’est pas une drogue douce, c’est une drogue lente ! »

Je papotais avec le principal du collège de mon « grand » et je m’ouvrais à lui il y a quelques jours de ce phénomène alarmant, mais qui ne semble alarmer que moi, et qu’il m’a confirmé en tous points, même au collège. iIl m’a surtout, je trouve donné la meilleure définition de l’effet massif de ces drogues dîtes improprement douces sur nos enfants et sur nos adolescents, des effets qui touchent des millions de nos enfants.

« Monsieur Sannat, ce n’est pas une drogue douce, c’est une drogue lente, cela les ralentit terriblement, ils deviennent totalement mous, sans énergie, sans envie, sans ambition, ils sont dans un autre monde, et nous ne pouvons plus les ramener, la seule chose que je peux faire, c’est de ne pas couper le lien pour préserver l’avenir, enfin, pour préparer leur retour, bien hypothétique dans la réalité ».

Voilà ce triste et dramatique constat.

Le cannabis, n’est pas dangereux en soi, à courts termes et à faibles doses quoique nous soyons tous très différents dans la façon de réagir.

Le cannabis désocialise parce qu’il ralentit aussi bien votre esprit que l’ensemble de vos capacités

Alors que la jeunesse est le moment de toutes les promesses, de toutes les énergies, de toutes les envies, et de tous les possibles, le moment de tous les rêves, de toutes les ambitions, même les plus folles, ce moment magique où il y encore quelques miettes de la naïveté de l’enfance, et pas tout à fait la lourdeur des effets du prix de la vie et les stigmates des orages qu’il faudra affronter; supprimer ce moment extraordinaire à nos enfants en banalisant les drogues « douces » est un crime massif contre le potentiel de notre jeunesse et de nos enfants.

Le cannabis n’est pas récréatif, il vole la vie de nos enfants, il vole les pulsions de vie, il fait de nos enfants de « dériveurs » dans une autre réalité, ils ne sont plus tout à fait ici, ils sont encore pas entièrement ailleurs.

J’ai compris, enfin, pourquoi nos « jeunes » sont si nombreux à ne pas « travailler », à ne pas « faire d’effort », ce n’est pas qu’ils ne le veulent pas, ils ne le peuvent pas.

Dieu n’était pas un fumeur de Havanes, le diable, lui, oui.

Tout ce qui abolit notre volonté, tout ce qui réduit nos pulsions de vie est une forme de mal qui doit être désigné comme le mal et combattu comme le mal.

Nos enfants, notre jeunesse, méritent bien mieux qu’une ration gratuite de drogue dite douce.

Que personne ne s’y trompe.

Par démagogie, par « modernisme », par bêtise, parce que nombreux sont déjà les parents trentenaires ou quarantenaires à « chichonner », nous volons la véritable vie de nos enfants. L’envie et la volonté sont parmi les moteurs les plus importants de la vie elle-même.

La drogue, ce n’est pas mal parce que c’est mal… c’est mal, parce que ses effets brisent net vos potentiels et vous empêchent de vous réaliser, de vous accomplir, de participer au processus de création et d’évolution du monde, de faire votre apport à la collectivité, en un mot, les drogues douces, qui sont comme l’explique très justement le principal du collège de mon fils des drogues lentes empêcher celui qui en prend de vivre pleinement.

Enfin, nous vivons dans un monde où droguer ses gosses est normal et moderne, et de toutes les façons les déshériter sera même le summum du progressisme. Nous en parlerons demain.

Je vous laisse sur ces paroles totalement fausses

« Dieu est un fumeur de havanes
C’est lui-même qui m’a dit
Que la fumée envoie au paradis »…

La fumée n’envoie pas au paradis, elle emprisonne et fait de chacun des dériveurs. C’est plus la marque du malin que du divin, malin qui est souvent bien plus attrayant au premier abord.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.