Biocarburant: manger ou conduire, il faut choisir

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Par Marc Tarabella Modifié le 12 septembre 2013 à 8h10

Ce mercredi était voté la résolution sur les agro-carburants. Le risque de pénurie alimentaire et l'augmentation du prix des denrées sont les conséquences directes de la pression sur les surfaces agricoles engendrés par l'industrie de l'agro-carburants. Les agro-carburants partaient d'une bonne intention, mais l'enfer n'en est-il pas pavé? Il faut dès lors en limiter la production et repenser le concept même.

Pour chaque % d'agrocarburant dans un carburant, c'est un peu plus d'1 million d'hectare qui est soustrait à la production alimentaire (c'est-à dire quasi la totalité de la surface cultivable en wallonie).

Notre position est claire:

  1. Il faut donc limiter à 5% les agro-carburants cultivés sur les terres.
  2. Il faut continuer à comptabiliser scientifiquement les émissions de gaz à effet de serre liées aux agro-carburants et prendre en compte de leur impact climatique global
  3. Il faut obtenir des garanties sur la durabilité des prochains agro-carburants au niveau social et environnemental.

Pourquoi limiter la production?

  • Tout d'abord pour ne pas diminuer la production de nourriture européenne et la rendre totalement dépendante de ses importations de nourritures. Pour rappel, le biofuel liquide ne couvre que 0,2% des besoins mondiaux en carburants!
  • Pour éviter la ruine des petits exploitants due à la plus grande spéculation sur les terres exploitables.
  • Parce que les derniers rapports ont annihilé l'aspect prétendument positif des agro-carburants pour l'environnement et que la production de ceux-ci ne permettra pas d'atteindre l'objectif 2020 d'une utilisation de 10% d'énergies renouvelables pour les transports.

Un exemple concret chez nous de l'effet pervers des agro-carburants : le colza

Son huile intervient dans le biodiesel : si ce colza (dont l'huile possède de nombreuses vertus nutritionnelles) est transformé en carburant, nous devons importer d'autres matières premières, comme l'huile de palme... pour satisfaire la consommation européenne. Cette huile de palme est produite en Asie du Sud-Est et en Afrique centrale par des pays pauvres, dont les habitants sont poussés à sacrifier les terres qui les nourrissent et à en gagner sur la forêt, au détriment du bilan CO2 mais au bénéfice de gouvernements totalitaires et surtout des multinationales.

Estimation des hausses de prix (source IEEP)

Les prix des oléagineux devraient augmenter de 8 à 20 %, contre 5 à 36 % pour les prix des huiles végétales d'ici 2020. Ces huiles sont dérivées du colza et du soja ainsi que de plantes non alimentaires comme le jatropha. Les prix du blé devraient augmenter de 1 à 13 % contre 1 à 22 % pour le maïs. Ces céréales sont surtout utilisées pour produire de l'éthanol. La canne à sucre et la betterave sucrière devraient quant à elles subir une augmentation de 1 à 21 % de leur prix au cours des huit prochaines années. Elles sont également utilisées pour produire de l'éthanol.

Solution

Il faut donc faire évoluer le bouquet énergétique de biocarburants en faveur des plus performants et des plus neutres en matière d'impact sur les sols, des agro-carburants produits à partir de déchets ou de résidus végétaux, qui n'entrent pas en concurrence avec l'alimentation humaine ou animale. Il existe également la piste des algues et de plantes non alimentaires.
L'avenir alimentaire, environnemental et social de la planète est à ce prix.

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Homme politique belge socialiste, député européen chargé de la Protection des consommateurs européens, de l'Agriculture et de l'Egalité des genres.

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