La reprise sur le marché du travail bénéficie surtout aux emplois qualifiés, tandis que les emplois les moins qualifiés et les moins rémunérateurs restent à la traîne, observe l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans l’édition 2022 de ses « Perspectives de l’emploi ».
Plus qu’une reprise, on assiste à une véritable mue sur le marché du travail
Une fois le choc initial du Covid-19 en 2020 passé, on parle beaucoup d’une reprise sur le marché du travail. D’une part, c’est vrai : en juin 2022, les pays membres de l’OCDE ont enregistré un gain net global de plus de 9 millions d’emplois par rapport aux niveaux d’avant la pandémie. D’autre part, ce phénomène doit être nuancé, et la dernière édition des « Perspectives de l’emploi » de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) nous explique très bien pourquoi. Aussi surprenant que cela puisse paraître vu de France, dans certains pays de l’OCDE les taux d’activité et d’emploi restent inférieurs à leurs niveaux d’avant la crise.
De plus, avec cette reprise, c’est la structure des emplois qui a changé. Dans l’ensemble de l’OCDE, au premier trimestre 2022, l’emploi des travailleurs hautement qualifiés était légèrement supérieur aux niveaux d’avant la crise, tandis que l’emploi des travailleurs peu ou moyennement qualifiés ne s’était pas totalement rétabli. Par exemple, au premier trimestre de 2022, l’emploi dans le secteur de l’hôtellerie-restauration était, en moyenne, inférieur de 9% à son niveau d’avant la pandémie. (À noter toutefois que dans tous les pays de l’OCDE, la diminution de l’emploi des travailleurs non diplômés du supérieur s’est principalement faite via une diminution du nombre d’heures travailles plutôt que via le chômage.)
Pour les travailleurs jeunes et peu qualifiés, les perspectives sont incertaines
À ce titre, ce sont les jeunes, travailleurs peu qualifiés et immigrés – à savoir les personnes les plus susceptibles de travailler dans des secteurs peu rémunérateurs – qui ont été le plus impactés par cette mue. Les statistiques le montrent : le taux d’emploi moyen des jeunes restait inférieur à son niveau d’avant la crise dans plus de la moitié des pays de l’OCDE.
Dans son rapport, l’OCDE touche aussi un mot des solutions. Et la réduction du temps de travail avec maintien du salaire y tient une place de choix. « L’analyse de différentes réformes législatives nationales et de réductions contractuelles du nombre d’heures travaillées au niveau des entreprises montre que la réduction du temps de travail (à salaire mensuel constant) pourrait préserver l’emploi et améliorer le bien-être à condition que l’impact sur les coûts unitaires de main-d’œuvre soit limité (soit en raison des gains de productivité induits, soit en raison des subventions publiques) », peut-on y lire.