La France pourrait obtenir deux ans de plus pour réduire son déficit public

Jean Baptiste Le Roux
Par Jean-Baptiste Le Roux Modifié le 6 mai 2013 à 4h18

Le moins que l'on puisse dire, c'est que François Hollande va devoir envoyer de forts signaux et présenter des garanties en béton armé pour obtenir une telle grâce de la Commission européenne.

Car l'annonce faite par la Commission européenne de prolonger de deux ans le délai de la France pour lui permettre de ramener son déficit public à 3 % d'ici 2015 n'est pas seulement un cadeau, c'est également une contrepartie. Donnant, donnant. Bruxelles a mis de l'eau dans son vin. Elle qui sommait la France de passer son déficit sous la barre des 3 % du PIB avant 2014 (ce qui est, vue la conjoncture, impossible), serait désormais en passe d'allonger les délais français. L"hexagone aurait d'ailleurs impressionné la Commission sur le volet de la réduction de 1 % du déficit structurel sur la période 2010-2013. C'est déjà un point de marqué !

Ainsi François Hollande va devoir mieux équiper sa désormais célèbre "boîte à outils" s'il veut pouvoir réellement obtenir un tel répit de la part de Bruxelles. A ce sujet, une source européenne aurait notamment déclaré : "Il n'est pas question d'accorder ce délai sans engagement fort de la France." Ce qui, en langage de technocrate, veut dire : on attend des réformes. Ces réformes structurelles, justement, sont estimées au moins aussi importantes que l'assainissement des finances publiques (dont fait partie la réduction du déficit).

Car le déficit est une chose, mais ce qui inquiète particulièrement Bruxelles, c'est la reprise (toujours invisible) de la croissance française. A ce sujet, il semblerait que le programme de stabilité budgétaire et de réformes structurelles envoyé par Paris n'ait pas du tout convaincu Bruxelles. Pour la Commission, certains sujets pêchent plus que d'autres, en attendant les recommandations de l'exécutif européen à la fin du mois de mai, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault peut déjà commencer à plancher sur certains sujets, à savoir la question du financement des retraites, le marché du travail, l'ouverture à la concurrence de certaines professions et certains marchés.

Pour Bruxelles, les réformes structurelles sont les seules à pouvoir faire repartir la croissance, elle-même condition sine qua non de la réduction du déficit public. Car, comme le font savoir certaines sources européennes : "si la croissance n'est pas au rendez-vous, on n'aura aucune raison de surajuster pour atteindre la cible d'un déficit nominal de 3 % du PIB". La balle est dans le camp de la France.

Jean Baptiste Le Roux

Jean-Baptiste Le Roux est journaliste. Il travaille également pour Radio Notre Dame, en charge du site web. Il a travaillé pour Jalons, Causeur et Valeurs Actuelles avec Basile de Koch avant de rejoindre Economie Matin, à sa création, en mai 2012. Il est diplômé de l'Institut européen de journalisme (IEJ) et membre de l'Association des Journalistes de Défense. Il publie de temps en temps dans la presse économique spécialisée.

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