Croissance et déficit : pour Bruxelles la France échouera

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 3 mai 2016 à 13h54
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1,3%Pour 2016 Bruxelles ne table que sur une croissance de 1,3 % pour la France.

Entre la France et la Commission Européenne, la lutte des chiffres continue de plus belles que ce soit sur la croissance ou sur le déficit public. Sur ce dernier point, pourtant, Pierre Moscovici, Commissaire européen aux Affaires économiques, avait de l'espoir. La Commission européenne lui donne tort de A à Z dans ses prévisions de printemps publiées mardi 3 mai 2016.

Aux yeux de Bruxelles, Bercy reste très optimiste

Mardi 3 mai 2016 la Commission européenne a publié ses prévisions de printemps sur la croissance de la zone euro et sur les déficits des différents pays de l'Union. Des prévisions qui ne font pas la part belle à la France qui semble encore et toujours plus optimiste que l'Union Européenne.

Au niveau de la croissance, déjà, Bruxelles table sur 1,6 % en 2016 et 1,8 % en 2017 pour la zone euro. Mais la France reste loin derrière avec 1,3 % en 2016 et 1,7 % en 2017 selon la Commission européenne. Des prévisions qui ne sont toujours pas en phase avec celles du gouvernement qui prévoit 1,5 % de croissance en 2016 et 2017 pour l'Hexagone.

Et si Bercy a été confortée dans ces estimations par l'Insee, qui a relevé fin avril ses prévisions de croissance pour le 1er trimestre 2016, Bruxelles ne semble pas suivre la tendance : la Commission européenne reste convaincue que la France échouera.

Le déficit sous les 3 % ? Impossible... contrairement à ce qu'a dit Pierre Moscovici

C'est assez rare pour être souligné, la Commission européenne a contredit sa propre équipe et, en l'occurrence, Pierre Moscovici. Ce dernier a, lundi 2 mai 2016, estimé que la France était en mesure d'atteindre ses objectifs de réduction de déficit et le porter sous la barre des 3 % à l'horizon de 2017 comme le réclame le Pacte de Stabilité. Le gouvernement prévoit en effet un déficit de 3,3 % en 2016 puis 2,7 % en 2017.

Pour Bruxelles, il n'en sera rien. Dans ses prévisions de printemps la Commission européenne estime que la France baissera son déficit public mais pas assez. Elle prévoit 3,4 % de déficit en 2016 et 3,2 % en 2017. Insuffisant pour éviter à l'Hexagone l'amende de 4 milliards d'euros qui lui pend au nez.

Tout se jouera dans le budget 2017

Les prévisions de printemps de Bruxelles sont toutefois à prendre avec des pincettes, elles sont réalisées à "politique inchangée" : elles ne prennent pas en compte (comment le pourraient-elles ?) les efforts et mesures qui seront décidés dans le budget 2017. En ce sens, Pierre Moscovici avait prévenu : s'il pensait possible que la France atteigne son objectif de réduction de déficit, ça n'était que sur réserve d'un budget 2017 "sérieux".

Seul problème : 2017 c'est également l'année des élections présidentielles. Annoncer de grosses mesures de réduction des dépenses ou d'augmentation d'impôts conduirait à l'échec de François Hollande voire de la gauche en général. Le gouvernement devra donc faire un choix entre maximiser ses chances de rester au pouvoir et maximiser ses chances de faire baisser le déficit.

Mais les annonces faites dans le courant du mois d'avril, la hausse du salaire des fonctionnaires, le bonus pour les instituteurs, l'élargissement du RSA, etc... vont plutôt dans le sens de la première stratégie.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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