Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites à l’origine de la réforme présentée par Édouard Philippe mercredi 11 décembre 2019, (ce qui a eu pour effet de renforcer le mouvement de grève) a été épinglé pour un cumul de fonctions potentiellement illégal. Selon le site Checknews, il devrait rembourser toutes les sommes contestées… soit 140.000 euros.
Delevoye veut tuer le scandale dans l’oeuf
Samedi 7 décembre 2019, Le Parisien dévoilait que Jean-Paul Delevoye avait « oublié », dans sa déclaration d’intérêts remise à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), de dire qu’il était administrateur de l’Ifpass, l’Institut de la formation de la profession de l’assurance. Or, la réforme des retraites devrait entraîner un fort regain d’intérêt des Français, en particulier les plus riches, pour les retraites privées gérées… par les assurances. De ce poste, pour lequel il était bénévole, il a démissionné lundi 9 décembre 2019.
Mais un scandale en appelant un autre, voilà que sa déclaration d’intérêts a été épluchée plus précisément et que le site Checknews a découvert que le haut-commissaire aux retraites avait également une autre fonction : il était à la tête du think tank Parallaxe, au sein de HEP Education. Une fonction qui était « gratifiée » de 5.300 euros nets par mois, soit 4,5 fois le SMIC.
Or, selon plusieurs spécialistes, cette rémunération était illégale depuis le 3 septembre 2019 : à cette date, le haut-commissaire devient « haut commissaire aux retraites, délégué auprès de la ministre de la Santé » et entre, de fait, au gouvernement. C’est un problème : l’article 23 de la Constitution interdit de cumuler une activité professionnelle et un poste ministériel.
Jean-Paul Delevoye va tout rembourser… comme si de rien n’était
Face au scandale qui ne font qu’alimenter la grogne contre sa réforme, Jean-Paul Delevoye a non seulement démissionné de son poste de président d’honneur du think tank Parallaxe mardi 10 décembre 2019, mais a prévu, selon les informations données par son entourage à CheckNews, de rembourser l’argent. Une décision qui survient avant que la HATVP se prononce sur l’affaire. Mais Jean-Paul Delevoye va plus loin : il ne se contenterait pas de rembourser l’argent perçu depuis septembre 2019, mais depuis septembre 2017, date à laquelle il est devenu haut-commissaire. Au total : 140.000 euros, peu ou prou.
Si on ne peut qu’apprécier l’honnêteté de cette annonce, bien qu’elle soit poussée par un risque de scandale plus important, on peut se demander : combien des 1,5 million de personnes, qui étaient dans la rue jeudi 5 décembre 2019 pour protester contre sa réforme, seraient en mesure de rembourser 140.000 euros sur un simple coup de tête, avant même de n’y être obligées par une décision de justice ?