L’École fantôme (extrait)

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Par Robert Redeker Publié le 26 avril 2018 à 5h03
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« On ne dira jamais assez à quel point le mot d’ordre d’égalité a servi depuis des années de pavillon de complaisance à la destruction des parties saines de notre système éducatif. Or le but premier de l’éducation n’est pas d’égaliser mais d’éduquer », écrit Jacques Julliard.

Pourquoi substituer le vivre-ensemble, cette nouvelle version de l’égalité, sa version extrême, aux contenus d’enseignement ? L’École moderne se refuse d’accomplir les rôles et les fonctions traditionnels de l’École. Elle dilue les disciplines et les matières, elle disperse l’attention des élèves. Elle refuse de leur transmettre ce que naguère on appelait « la culture ».

Elle joue « les cultures » pour barrer l’accès à « la culture ». C’est en ces termes que se pose la question de la crise de l’École dont on voit bien qu’elle est une crise avant tout anthropologique. Mais pourquoi ? Couplé au mot d’ordre d’égalité, le vivre-ensemble obstrue l’accès à l’identité nationale, dont la seule évocation, pourtant en accord avec la décence commune, fait l’objet de procès en sorcellerie.

Enseigner le vivre-ensemble n’est-ce pas aussi vide et bête, aussi destructeur, qu’enseigner à apprendre à apprendre ? La propagande en faveur du vivre-ensemble n’est qu’un rideau de fumée masquant les objectifs véritables de cette École nouvelle. Le projet qui l’innerve est le même que celui qui anime le sport (que nous avons disséqué dans plusieurs livres précédents) et l’univers du divertissement : remplacer le type d’homme hérité de l’histoire européenne par un homme nouveau. Destruction du type « ancien » d’homme, appuyé sur la culture, le passé (la culture est la faculté de juger le présent par le passé, via les oeuvres littéraires et artistiques).

L’École contemporaine veut au contraire promouvoir un type d’homme incapable de juger le présent, de s’en dégager. De cette façon, cette École fabriquée selon les plans des pédagogistes, accomplit un projet anthropologique : fabriquer des inhéritiers, des générations nouvelles hors-sol (c’est-à-dire hors histoire), un nouveau type d’homme (un zombie à vrai dire). Dans cette configuration, les objectifs naturels de l’École et ceux du vivre-ensemble entrent en contradiction réciproque.

Ceci est un extrait du livre « L'École fantôme » écrit par Robert Redeker paru aux Éditions Desclée De Brouwer (ISBN-10 : 2220081788, ISBN-13 : 978-2220081786). Prix : 17,90 euros.

Reproduit ici grâce à l'aimable autorisation de l'auteur et des Éditions Desclée De Brouwer.

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Agrégé de philosophie, Robert Redeker est l'auteur de nombreux livres. Il collabore également à plusieurs revues et journaux. Il a publié dernièrement « L'Emprise sportive » (François Bourin, 2012), « Le Soldat impossible » (Pierre-Guillaume de Roux, 2014), « Le Progrès ? Point final » (Ovadia, 2015), « Bienheureuse vieillesse » (Le Rocher, 2015). Cet intellectuel connu a aussi une activité de conférencier, de photographe et de critique littéraire.

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