L’économie bleue : des opportunités de croissance

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Par Ziad Bentahir Modifié le 20 octobre 2019 à 0h04
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La philosophie de l’économie bleue a été introduite pour la première fois en 1994 par le professeur Gunter Pauli dans le cadre des réflexions autour des nouveaux modèles économiques en vue de la COP3 au Japon. Nous connaissions l’économie verte, que signifie alors l’économie bleue ?

La définition de l’économie bleue fait référence au cycle de la nature. Elle postule que l’ensemble des écosystèmes des milieux naturels sont complémentaires et se nourrissent les uns des autres, à tel point que la notion de déchet pourrait être inopérante, dans le sens où ils peuvent être réutilisés indéfiniment. C’est ainsi qu’on dit de la nature qu’elle est autosuffisante. Et pourtant, l’humain n’arrive pas à gérer ces déchets puisqu’il en crée sans cesse au point qu’ils deviennent inutilisables.

L’économie bleue permet donc de faire le rapprochement entre le schéma de la nature qui représente une chaine de consommation circulaire, et celui de l’homme qui reste linéaire, car souvent il ne prévoit pas la fin de vie des produits créés.

Ainsi, l’économie bleue va plus loin que la verte, puisqu’elle considère que chaque déchet représente une richesse à exploiter. Des chercheurs sud-coréens ont illustré la notion en créant un matériau super-conducteur à partir des mégots de cigarette : ces déchets a priori nuisibles et inutilisables peuvent produire une valeur inestimée. En résumé : la création de valeur viendra d’une économie circulaire et non linéaire.

Économie bleue et création des richesses :

Depuis toujours les entreprises se sont focalisées sur la réduction des coûts à travers la délocalisation ou l’externalisation de leurs activités. Cependant, c’est ce comportement luimême qui entraine la réduction de circulation de l’argent au sein des économies, puisqu’il produit souvent une réduction des effectifs et une baisse de la création de richesse locale. Ceci prive durablement les économies locales de liquidités, d’emploi et ainsi de pouvoir d’achat. Il en résulte un repli relatif de secteurs économiques entiers.

L’avantage de l’économie bleue réside dans sa capacité à réinjecter l’argent dans l’économie locale, et à l’inverse des idées reçues, elle offre des produits de haute qualité à un prix de revient nettement inférieur. Ceci n’a pas laissé indifférent même les géants de la technologie, comme Google qui déclare que tous ces produits seront fabriqués à partir de matériaux recyclés d’ici 2022. La firme de Mountain View a annoncé que ses enceintes Google Home,
ses smartphones Pixel ainsi que leurs étuis seront en partie fabriqués à partir de bouteilles en plastiques.

Le concept de l’économie bleue peut donc être intégré à tous secteurs d’activité, car il se base sur l’usage des ressources locales, et l’évitement de tout ce qui est inutile afin de permettre la réinjection d’argent dans l’économie locale.

Toutefois, il serait difficile d’imposer les principes de l’économie bleue aux grandes entreprises, car cela entraine des changements majeurs dans leurs modèles commerciaux, qui font partie de leur ADN et sont difficiles à changer. C’est pour cela que, malgré les efforts des grandes entreprises pour intégrer des réflexions écologiques dans leurs modèles. Par conséquent, l’économie bleue intéresse plutôt les jeunes pousses : elle leurs permet un accès direct à un éventail d’idée innovantes et éprouvées économiquement.

Économie bleue et la création d’emploi :

L’idéal de l’économie bleue est d’éviter de générer des déchets, mais plusieurs secteurs ne peuvent pas s’empêcher d’en créer. Il convient alors de valoriser les déchets créés et de leur donner une seconde vie. Et c’est justement cet élément qui constitue le point de départ de plusieurs nouveaux business. Il s’agit donc de concevoir une économie circulaire qui sur le long terme sera génératrice d’emploi. Le marché de transformation des déchets est extrêmement porteur : c’est une réelle opportunité à la fois pour les entreprises mais aussi pour les consommateurs. Dans cette optique, des nouveaux services vont devoir émerger permettant ainsi la création de nouveaux emplois.

Se lancer dans l’économie bleue nécessite de faire preuve d’innovation et trouver de nouvelles solutions pour éviter le gaspillage. Cela consiste à créer des nouvelles activités autour de l’exploitation des déchets. Il faut profiter alors du coût bas voir, inexistant des déchets, qui constitueront peut-être une vraie mine d’or d'ici quelques années. Plusieurs entreprises ont fait le choix d’être précurseures en se lançant dans des activités de recyclage de simples éléments du quotidien, comme des mégots, les sacs en plastiques ou encore du café. Les expériences dans ce sens sont très concluantes, à Londres pars exemple, on a réussi à transformer les déchets du café en biocarburant pour les bus, on a même réussi à faire pousser des champignons dans cette matière grâce à l’idée innovante d’Albin Monsorez un ingénieur français qui cultive des champignons dans du marc de café récupéré dans des bars, et en a fait son business.

L’intégration des concepts de l’économie bleue dans le montage des projets deviendrait synonyme d’une croissance durable. Intégrer l’objectif de valorisation des déchets dans le business plan serait ainsi une vraie valeur ajoutée. Pleins de concepts sont encore à explorer sur ce principe.

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Ziad Bentahir est consultante senior au sein du cabinet Viatys (Groupe Square).

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