Pour retrouver l’emploi, misons sur l’entrepreneuriat

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Par Guillaume Cairou Modifié le 10 janvier 2014 à 6h15

Il est temps de favoriser l’entrepreneuriat en France. Ce n’est que de l’entreprise que nait l’emploi pérenne.

À la traîne en matière d’entrepreneuriat, la France doit repenser l’entrepreneuriat notamment afin de favoriser la prise de risques qui en est à l’origine.

Le gouvernement doit, pour cela, appuyer les entreprises. Pas les grandes entreprises. Pas les entreprises publiques. Le gouvernement doit aider à faire émerger des pépites, celles qui feront la croissance de demain.

Allons-nous longtemps accepter de constater que les Français sont plus entrepreneurs à l'extérieur qu'à l'intérieur de leur pays ? Comment accepter que l'entrepreneuriat ne soit pas ancré dans notre environnement social dès le plus jeune âge ?

Pour favoriser la multiplication des créations d’entreprise, il faut se concentrer sur les facteurs de prise de décisions de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.

Il faut d’abord prendre des risques. Prendre des risques en France, quand l’échec comme la réussite sont stigmatisés rend évidemment la majorité des Français réticents à cet égard.

Il faut aussi que l'atmosphère législatif et règlementaire vous y encourage. Comme le Président de la République l’a reconnu dans son intervention télévisée pour les vœux c'est encore loin d’être le cas.

Il faut par ailleurs que l'entourage direct et indirect dans lequel vit le potentiel entrepreneur ne le dissuade pas, comme cela est encore trop souvent le cas aujourd’hui, à entreprendre.

L’école de l’entrepreneuriat est une idée dont on peut se féliciter, sauf que c’est tout au long du parcours scolaire, qu’il faudrait inciter et valoriser l’entrepreneuriat et la prise de risques qui en découle.

Il faut dès lors que les pouvoirs publics agissent avec une conception de long terme et non plus à court terme en fonction d’enjeux électoraux. Car, au fond, c’est bien de sécurité dont nous parlons ici. Le Gouvernement doit créer les conditions de la création sécurisée d’entreprise afin de les multiplier.

J’ai une conviction : cela peut se faire sans retirer de droits aux salariés. Le salariat est évidemment une forme de travail particulièrement intéressante. Il suffit dès lors de réfléchir à ce qui permettrait en France de rendre le statut d’entrepreneur, si ce n’est aussi intéressant, au moins plus intéressant qu’il n’apparaît aux yeux des Français. Nos pouvoirs publics raisonnent encore trop souvent de manière dualiste. C’est blanc ou noir. Salarié ou non salarié. Employé ou patron. Il s’agit bien ici de réunir une commission de réflexion sur le statut d’entrepreneur. Il s’agit de se demander notamment comment la France peut inciter des salariés à devenir entrepreneur quand ils en ont le potentiel et l’envie.

Pour les jeunes entrepreneurs que je suis comme mentor, la difficulté est de se lancer. Une fois lancé, la principale difficulté, c’est de trouver des clients. Mais une fois lancés et avec des premiers clients, la difficulté la plus redoutable de toutes les difficultés qu’ils ont à surmonter, c’est de réussir à se faire payer. Réfléchir à ce statut d’entrepreneur, c’est donc pour les pouvoirs publics devoir se demander comment inciter à ce lancer et à se faire payer, une fois lancé.

Notre pays peut retrouver la croissance à condition de miser sur l’entrepreneuriat.

Ce chemin ne se retrouvera qu'en obtenant un avantage comparatif dans la compétition économique mondiale. L'impôt à taux unique est un outil précieux pour atteindre cet objectif car il permet de simplifier la vie de l’entrepreneur.

Depuis un an et demi, je tente de faire partager aux pouvoirs publics, une idée forte : celle qu’il est important d’ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure. Evidemment, on peut considérer légitimement qu’il y a une exception française. Cela ne doit pas nous conduire à ignorer les mesures incitatives prises par nos voisins en matière d’entrepreneuriat.

Nous sommes moins compétitifs qu’il y a 10 ou 15 ans. Chaque Français peut comprendre pourquoi aisément. A force de dévaloriser l’entrepreneuriat, notre pays est rentré sans s’en rendre compte dans un cercle vicieux. D’abord, le coût du travail a augmenté plus vite qu’ailleurs, notamment par rapport à nos concurrents européens, et les marges de nos entreprises se sont détériorées. Du coup, elles ont réduit leurs dépenses de recherche et développement, et nous vendons moins de produits haut de gamme. Les pouvoirs publics peuvent briser ce cercle vicieux. Il faut commencer par baisser le coût du travail : c’est la solution préconisée par Louis Gallois, mandaté par le Président de la République, en supprimant une partie des charges sociales que les salariés ont sur leurs feuilles de paie. En France, les salariés peuvent aisément constater qu’ils ont des feuilles de paie de 30 lignes, pendant que leurs voisins allemands oubritanniques n’en ont que 5 au maximum.

Un dernier exemple qui démontre l’utilité de l’utilité de la comparaison internationale en la matière. La Suède a agit à deux niveaux. Concernant les entreprises, le taux d’impôt sur les sociétés, qui avait déjà massivement reculé, va baisser bien au-dessous de la moyenne européenne. Concernant les ménages, les charges pèseront moins sur les revenus des retraités. Quant aux dépenses publiques, elles seront par priorité orientées vers les infrastructures et la recherche. C’est l’un des modèles dont les pouvoirs publics pourraient s’inspirer pour entamer une grande réforme visant à massifier l’entrepreneuriat dans notre pays.

Sensibilisation à l’entrepreneuriat et aux success stories françaises dès le plus jeune âge. Facilités pour être payés, une fois le pas de l’entrepreneuriat franchi. Impôt unique. Dévaluation fiscale. Simplification législative, règlementaire et sociale. Telles sont les pistes majeures qui sont à mon sens à suivre par les pouvoirs publics.

C’est par ces mesures que j’ai tout au long de l’année, comme Président du Club des entrepreneurs, eu l’occasion de défendre les intérêts des entrepreneurs quand j’estimais qu’ils étaient compromis. L’intervention du Président de la République et le pacte gagnant-gagnant qu’il propose vont pleinement dans ce sens. Bonne année 2014.

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Fils d’ouvrière d’origine serbe, autodidacte, éducateur puis enseignant en banlieue, c’est au chômage à 30 ans que Guillaume Cairou crée Didaxis, pionnier du portage salarial. Aujourd’hui 15e recruteur français, classé dans le Fast 500 européen des entreprises par Deloitte, il a permis à plus de 10 000 personnes de créer durablement leur emploi.

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