Election présidentielle US : quelles surprises attendre ? (2/2)

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Par Jim Rickards Modifié le 9 avril 2020 à 6h44
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9600 MILLIARDS $La dette des Etats-Unis augmentera de 9.600 milliards de dollars durant le mandat de Donald Trump.

La course à la présidentielle démocrate s’annonce ardue – et la moindre surprise en la matière pourrait avoir de profondes répercussions sur les marchés. Préparez-vous en conséquence.

Après avoir posé hier le cadre général de l’élection présidentielle américaine 2020 – notamment concernant les démocrates –, nous nous intéressons aujourd’hui au processus démocrate et aux surprises éventuelles qu’il pourrait nous réserver.

Après des mois de sondages, de débats et de chroniques télévisées, la course aux primaires de 2020 a officiellement débuté début février avec les caucus de l’Iowa et la primaire du New Hampshire.

Le caucus de l’Iowa, devant sélectionner un candidat du Parti démocrate, s’est officiellement achevé le 3 février.

Un des plus grands fiascos de l’histoire politique moderne

En réalité, il n’est pas terminé, et il ne le sera peut-être jamais. Le déroulement du caucus du 3 février a été l’un des plus grands fiascos de l’histoire politique moderne, et ses répercussions se font encore sentir.

La plupart de nos lecteurs connaissent l’histoire. Le caucus de l’Iowa n’est pas une primaire : c’est un ensemble de rassemblements d’électeurs qui se déroulent dans des gymnases – ou autres lieux de ce type – d’environ 1 600 circonscriptions électorales réparties dans tout l’Etat.

Il faut être physiquement présent, ce qui est un facteur immédiatement réducteur, dans la mesure où bon nombre d’électeurs n’ont pas la possibilité de l’être à l’heure et aux lieux exigés. Mais, lorsqu’ils sont présents, les électeurs s’organisent en groupes distincts soutenant un candidat particulier.

On opère un premier décompte des soutiens de chaque candidat. Ensuite, on informe les groupes soutenant des candidats ayant obtenu moins de 15% du total qu’ils peuvent rentrer chez eux ou bien changer de camp (avec moins de 15% de soutiens, on ne vous attribue aucun délégué).

Les électeurs de ces petits groupes « se réalignent » sur un autre candidat, par exemple, un partisan de Yang peut transférer son soutien à Elizabeth Warren. Ensuite, un deuxième décompte est réalisé.

Ce deuxième décompte est intégré dans une formule mathématique qui attribue les délégués en vue de la convention démocrate. Le nombre de délégués par candidat n’est pas proportionnel aux votes du deuxième décompte, car certaines circonscriptions ont plus ou moins de poids.

Personne n’y comprend rien… et c’est de pire en pire

Compris ? Ne vous inquiétez pas, personne n’y comprend rien non plus : le système de l’Iowa est « dingue ».

Et cela s’est aggravé : une nouvelle application mobile a été utilisée par le parti démocrate de l’Iowa pour que les chefs de circonscriptions puissent transmettre les résultats. Or cette application n’avait jamais été utilisée lors d’une véritable élection, et elle a planté.

On a demandé aux chefs de circonscription de transmettre leurs résultats par téléphone… mais les lignes téléphoniques étaient encombrées et les organisateurs n’arrivaient à joindre personne.

Cela dit, cela n’aurait pas changé grand-chose, dans la mesure où les responsables du parti dans les principaux sites avaient reçu pour instruction de laisser leurs téléphones portables à l’extérieur de la salle de comptage. D’autres agents de bureaux de vote n’ont réussi à joindre personne. Certains ne savaient pas se servir des feuilles de calcul.

Les présentateurs de télévision étaient à l’antenne et n’avaient rien à annoncer. Cette nuit-là, les candidats n’ont pas pu s’exprimer, ni les jours suivants, jusqu’à la primaire du New Hampshire, le 11 février. Les résultats de l’Iowa sont arrivés au compte-goutte au fil des jours, d’une façon volontairement pénalisante pour Bernie Sanders, apparemment. Le président du parti démocrate de l’Iowa, discrédité, a fini par démissionner.

A première vue, il semblait que Bernie Sanders aurait remporté la plupart des voix lors des premier et deuxième « alignements ». Mais c’est Pete Buttigieg qui a obtenu le plus de délégués, en raison de la formule mathématique tordue utilisée.

Les deux campagnes ont exigé de nouveaux comptages depuis. L’un a eu lieu du 16 au 18 février. Buttigieg menait encore Sanders en terme de délégués, pas de voix. Puis un autre comptage a eu lieu du 25 au 27 février, garantissant encore une fois un peu plus de délégués à Buttigieg malgré un nombre de voix inférieur.

Le plus grand perdant…

Quelle que soit l’issue de l’affaire, le plus grand perdant n’est pas l’un des candidats mais le parti démocrate lui-même. Les commentateurs n’ont pas tardé à se demander comment les démocrates pouvaient gérer l’économie s’ils ne savaient même pas compter les voix dans l’Iowa.

Bonne question.

Les démocrates de l’Iowa ont si mal géré le processus qu’il est possible que nous ayons assisté au tout dernier caucus de l’histoire de cet Etat. Il est presque certain que l’Iowa a perdu son statut de primaire inaugurale (« first in the nation ») dans le processus de nomination des candidats aux futures élections présidentielles. Quoi qu’il en soit, le processus de nomination est parti sur de très mauvaises bases.

Les chocs qu’il faut guetter

Même si Joe Biden fait la course en tête à l’heure où nous écrivons ces lignes, la probabilité que Bernie Sanders soit le candidat désigné par les démocrates représente le premier choc que les marchés n’ont pas totalement intégré.

Les marchés sont dans le déni, vis-à-vis du succès de Sanders – et si ce dernier retourne la situation dans les mois qui viennent, les marchés pourraient réagir de manière négative pour les actions, mais positives pour des valeurs refuges telles que les bons du Trésor et l’or.

Un deuxième choc pourrait se produire lors de la prochaine convention démocrate, désormais prévue en août, si le parti démocrate trouve un moyen de priver Sanders de sa nomination, même s’il a le plus grand nombre de délégués. Cette démarche pourrait prendre plusieurs formes, notamment un changement de règlement permettant à des super délégués non engagés de voter au premier tour.

L’équipe de Bernie est réputée comporter des communistes purs et durs, des membres de l’antifa, et d’autres susceptibles de recourir à la violence dans les rues de Milwaukee, si les élites poussaient Bernie vers la sortie, comme elles l’ont fait en 2016.

La convention pourrait dégénérer, des émeutes éclater et le gaz lacrymogène être utilisé aux abords du centre des congrès, comme cela s’est produit à Chicago lors de la convention démocrate de 1968.

Il ne serait pas juste d’en imputer la responsabilité au candidat, mais il serait naïf de ne pas envisager cette possibilité. Là encore, les actions seraient pénalisées alors que les bons du Trésor et l’or seront des valeurs refuges recherchées.

Un troisième choc pourrait survenir si le candidat désigné n’est pas l’un des concurrents actuels. Cela pourrait se produire lors d’un deuxième tour, dans le scénario où la convention ne produirait aucun vainqueur au premier tour. Les candidats potentiels, dans ce scénario, pourraient être Hillary Clinton, John Kerry ou peut-être l’un des premiers candidats aux primaires à avoir jeté l’éponge, comme Kamala Harris.

Le meilleur conseil que nous pouvons donner, au fil des événements, est le suivant : ne soyez pas surpris lorsque des surprises se produiront. Car elles vont arriver. Pas seulement au sein du processus politique, mais également à l’occasion d’événements macroéconomiques qui menacent d’influencer les marchés et votre portefeuille.

Nous vous offrirons une longueur d’avance pour que vous puissiez vous positionner avant tout le monde, au lieu de réagir trop tard.

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Jim Rickards est rédacteur en chef d’Intelligence Stratégique et d’Alerte guerre des devises

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