ENGIE : y a-t-il un au delà après le plan d’austérité ?

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Par Michel Delapierre Modifié le 13 décembre 2022 à 20h39
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Alors que le groupe annonçait début mars des résultats financiers prometteurs et qu’une alliance dans la gestion des réseaux et les renouvelables avec le géant allemande de l’énergie RWE pourrait prochainement voir le jour, les syndicats d’Engie demeurent vigilants et redoutent de la casse sur le plan social.

Au mois d’avril, Engie dévoilait ainsi un plan de réorganisation de son siège, entrainant la suppression de 620 postes répartis sur ses trois sites européens, en France, Belgique et au Royaume-Uni. La direction évoque de son côté 504 suppressions. Un chiffre que les syndicats contestent car leur calcul se base sur le nombre de postes inscrits dans l’organigramme, reflétant donc les ressources décidées en comité d’entreprise, et non sur le nombre de salariés actuellement en poste, certains ayant pu évoluer ailleurs entre temps.

Quatrième restructuration en 6 ans

Quoi qu’il en soit, si la direction assure que cette restructuration n’entrainera aucun licenciement sec mais reposera sur la base du volontariat, les syndicats s’inquiètent de voir les plans se succéder les uns après les autres depuis plusieurs années, le quatrième depuis 2011.

Quelques jours après l’annonce d’Engie, la CGT publiait un communiqué de presse reprenant l’ensemble des suppressions de postes en cours ou prévues dans la partie « énergie » du groupe. Le montant total s’élève, selon le syndicat, à 1900 suppressions.

Malgré les dénégations d’Engie, Eric Buttazzoni, délégué CGT, confirme son décompte et dénonce même un plan de délocalisation cachée, sous couvert d’externalisation, des activités de centre d’appel dans des pays à faibles couts salariaux en particulier le Maroc, l’ile Maurice et le Portugal. Selon la CGT, 600 emplois spécialisés sur le commerce auprès des particuliers sont concernés.

Le virage vers les énergies renouvelables mené au pas de charge

Plus globalement, à la suite du plan de réorganisation annoncé en avril, les syndicats sont dans l’attente d’une vision plus claire de la part de la directrice générale, Isabelle Kocher, concernant le modèle économique qu’elle souhaite mettre en œuvre.

S’ils approuvent l’orientation du groupe vers les énergies renouvelables et décarbonnées, ils s’inquiètent du manque de visibilité à court terme concernant les relais de croissance.

Hamid Ait Ghezala, délégué CFE-CGC, estime que « vendre des actifs afin d’éponger la dette aide à équilibrer les comptes, en revanche ce sont des sources de revenus qui disparaissent et qui ne sont pas remplacées pour l’instant. »

Des relais de croissance encore flous

Ainsi la vente de son entité d'exploration et production pétrolière et gazière (EPI) devrait permettre à Engie de réduire sa dette de 2,4 milliards d’euros mais les résultats de cette entité contribuaient jusqu’alors à 12% de l’EBITDA du groupe. Pour Eric Buttazzoni de la CGT, « on ne voit pas ce qui va prendre le relais de cette business unit qui rapportait beaucoup de cash et était un élément stratégique de la chaîne gazière ».

Les syndicats espèrent donc que les plans de réductions de coûts ne soient pas qu’un cache misère et les réductions d’effectifs, une variable d’ajustement bien commode.

Hamid Ait Ghezala estime que « ce que la direction n’arrive pas à obtenir par une stratégie industrielle claire, elle pourrait être tentée de l’obtenir par des réductions de coûts. Mais ces mesures ont un impact sur le corps social de l’entreprise et son adhésion au projet de la direction. » Et de poursuivre, « on nous annonce que 80% des cessions ont été réalisées, avec un objectif total de ventes à 15 milliards d’euros. En face, la direction promet 15 milliards d’investissement dans les nouveaux métiers mais pour l’instant, rien n’est fait. On nous dit que 80% des investissements sont identifiés mais identifié ne signifie pas réalisé et il est difficile de prévoir quelle sera précisément la contribution de ces investissements à l’EBITDA ».

Alors que le nouveau Président de la République fait de la lutte contre le chômage et la précarité une priorité, les orientations d’Engie seront, à n’en pas douter, minutieusement scruter dans les prochains mois. De son côté, Isabelle Kocher devra redoubler d’efforts pour convaincre les syndicats du bien fondé de sa stratégie.

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