Le 22 septembre PWN Paris avait organisé, dans les locaux de Deloitte à Neuilly, une table ronde avec Sophie Bellon, future présidente de Sodexo, Valérie Tandeau de Marsac, avocate et spécialiste des entreprises familiales (auteur de 2 livres sur le sujet), et Caroline Matthieu, présidente de FBN (Family Business Network), pour parler des entreprises familiales, de leurs valeurs spécifiques et ce qui fait leur réussite.
L'engouement pour ces entreprises vient de plusieurs constats :
- elles durent plus longtemps que les autres entreprises,
- elles ont souvent de meilleurs résultats en temps de crises que le reste des entreprises.
Une étude réalisée par PWC et FBN au premier trimestre 2014 confirme cette situation, même si d'après cette étude, ces entreprises sont en recherche de financement externe et si la croissance de leur chiffre d'affaire n'est pas aussi importante que dans les périodes précédentes, il reste supérieur à la moyenne des entreprises françaises.
Quelles en sont les raisons ?
Pour chacune des intervenantes, le dirigeant de l'entreprise familiale est un passeur, et être un passeur signifie vouloir transmettre à ses héritiers une entreprise en bonne santé économique. Cela signifie pour le dirigeant, représentant de la famille, qu'il est nécessaire d'avoir une réelle vision à long terme, de penser réussite de l'entreprise et pas réussite personnelle, d'être dans une démarche collective plus qu'individuelle.
" (la vision à long terme) C'est une caractéristique transversale qui influence la gestion du "Capital Humain", la relation avec les clients-fournisseurs mais également la stratégie et les politiques d'investissement." dit Valérie Tandeau de Marsac
Par ailleurs, les valeurs de ces entreprises, transmises par les membres de la famille depuis sa création, sont totalement incarnées par les mêmes membres de la famille.
Et dans le contexte d'une crise économique dans son environnement de marché, le fait d'avoir une vision à long terme permet de donner plus d'espoir et de ne pas se laisser envahir par une peur à court terme.
Les conflits, éléments presque normal dans la vie de toutes sociétés, sont envisagés comme des moments essentiels de source de progrès. Les dépasser fait avancer et voir les difficultés sous un angle plus positif.
Enfin, la famille détient souvent soit la majorité du capital soit la majorité des droits de votes et peut donc prendre les décisions qui peuvent aider leur entreprise sur le moyen et long terme, cela leur donne une réelle indépendance stratégique, enjeu de gouvernance fondamental.
Les clés de succès
Valérie Tandeau de Marsac parle des 5 clés de succès dans son dernier livre "L'entreprise familiale, un modèle d'avenir et pour tous" et reprend la notion de "familiness", " auquel les chercheurs attribuent leurs meilleures performances financières et leur résilience dans la crise". (Ce concept de "familiness", développé par Habbershon & Williams, caractérise les interactions entre les membres de la famille, l'unité de la famille, et l'entreprise qui conduisent à des synergies systémiques et serait à l'origine de la réussite ou de l'échec des entreprises familiales.)
L'étude de PWC avec FBN montre que les dirigeants de ces entreprises sont conscient de la nécessité de se développer encore plus vite et notamment à l'international, ils sont confiants dans les atouts de leur société, ils ouvrent leur conseil d'administration à des administrateurs indépendants pour 24 % d'entre eux même si cela reste en faible développement.
S'intégrer dans une telle entreprise alors qu'on ne fait partie de la famille, comme dans toutes entreprises, nécessite d'être en accord avec les valeurs de l'entreprise, "de les épouser" ont dit les intervenantes.
Alors comme le dit le titre du livre de Valérie Tandeau de Marsac, l'entreprise familiale est-elle un modèle d'avenir et pour tous ?