Monory, Bérégovoy revenez ! Ils sont devenus fous !

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Par Charles-Henri d'Auvigny Modifié le 15 janvier 2014 à 6h30

Les Français font confiance à leurs entreprises pour traverser la crise et redresser l’économie. Les Français râlent contre les entreprises qui tentent de s’adapter aux nouvelles conditions de leur marché et parfois au prix de licenciements. Les Français sont « bipolaires » lorsque l’on parle entreprises.

Ils les aiment lorsqu’elles construisent des TGV, des A38O, des centrales nucléaires, des produits de luxe lorsqu’elles exportent leur savoir en Chine, au Brésil, en Afrique…. Les entreprises sont plébiscitées pour ce qu’elles apportent à l’économie française : emplois, recherche et développement, financement de la solidarité nationale…. Les Français sont attachés aux principes fondateurs de la République dans la « Déclaration des Droits de l’Homme » qui désigne la liberté et la propriété comme des droits imprescriptibles. Ils reconnaissent ainsi à l’entreprise le droit de faire des profits, de choisir ses salariés, d’établir sa propre stratégie de développement.

Mais ils considèrent aussi que l’Etat peut intervenir dans la vie des entreprises. La tradition colbertiste de la France est toujours très prégnante. Avec des effets préjudiciables : multiplication des normes, maquis des règlements, législations inapplicables et contradictoires, droit du travail confus et abscons… Tout concourt à contraindre le développement des PME françaises.

Les vœux de notre Président de la République laissent entendre qu’il a fait le même constat. Voici une piste pour le développement de nos entreprises :

Dans un monde en mutation, les Français doivent comprendre qu’il est nécessaire d’accompagner voire de précéder ces changements. Un grand nombre d’entreprises françaises le font.

Les capitaux aussi sont en pleine migration. Pour se développer les entreprises ont besoin de carburant : du capital. Il est important de noter que le financement des entreprises françaises se fait pour 20 % sur des capitaux propres et 80 % avec des crédits bancaires ou inter-entreprises. Aux Etats-Unis, comme en Allemagne c’est l’inverse. Il est moins onéreux pour une entreprise de demander des capitaux que d’emprunter aux banques. Votre dépendance est moins forte et vous gagnez en liberté. Dans une étude de la Caisse des dépôts et de Consignation et de la F2iC, nous avons chiffré le déficit en capital des entreprises françaises à 200 milliards d’euros. Pourquoi une entreprise comme Criteo, société innovante et qui est devenue leader mondial, en quatre ans doit aller chercher des capitaux à New-York pour assurer son développement ? Criteo, société française, sera bientôt une société à capitaux américains. Cela est regrettable. 46 % du capital des plus grandes entreprises françaises (CAC 40) appartient à des investisseurs étrangers. Allons-nous laisser ainsi partir les fleurons de nos entreprises ?

Et pourtant, la France a les moyens de permettre le développement de ses entreprises. Les Français épargnent en moyenne 15 % de leurs revenus. Cela représente plus de 3 600 milliards d’euros d’épargne financière accumulée. De quoi rembourser deux fois la dette de l’Etat français ! Et pourtant cette épargne est peu dirigée vers les entreprises. Elle est orientée vers le Livret A et les produits de dette. Il faut bien financer les déficits de l’Etat !

Deux ministres de l’économie avaient bien compris cet impératif : René Monory et Pierre Bérégovoy. L’un a créé les SICAV pour mutualiser les risques d’investissement en capital et le second a lancé le PEA (Plan d’Epargne en Actions) pour favoriser l’investissement en direct dans les entreprises françaises. Ces deux ministres connaissaient la réalité des PME françaises, l’un était garagiste et l’autre avait commencé sa carrière comme ouvrier.

Redonnons envie aux Français de participer à la conquête de nouveaux territoires avec leurs entreprises. Le retrait partiel de la mesure fiscale sur les PEA, PEL et Assurance-vie est significatif d’une certaine prise de conscience de la part du gouvernement que les épargnants ne sont pas « la vache à traire » et que cela est contre-productif pour l’économie française. L’environnement fiscal se doit d’être favorable aux investisseurs. Lorsque vous participez au capital d’une entreprise, ce dernier n’est pas garanti, il faut donc qu’il puisse bénéficier d’une fiscalité qui prenne en compte ce point. Taxer le capital comme l’est le travail n’a aucun sens. C’est un signe qui va décourager les épargnants. La réforme fiscale, proposée par le premier ministre, sera jugée à l’aune de ces éléments.

La F2iC se félicite de la création du PEA PME, mis en place depuis le 1er janvier, qui va permettre à tous les Français d’investir comme ils souhaitent dans les entreprises qu’elles soient cotées ou non. La création du contrat d’assurance-vie « Euro-croissance » va aussi dans le bon sens, puisqu’il favorise l’épargne longue et dans les entreprises.

Le chemin à parcourir est encore long pour orienter cette épargne vers les PME-ETI. La F2iC va y prendre toute sa part. Il s’agit d’un enjeu national qui dépasse l’ensemble des clivages. Nous sommes persuadés que du PS à l’UMP en passant par l’UDI et les Verts, les parlementaires seront prêts à travailler ensemble pour apporter ces bouffées d’oxygène dont ont besoin nos entreprises.

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