Plusieurs centaines de millions d'euros : C'est ce que Louvois aura coûté au budget de l'Etat pour être développé, mis en place, et... dysfonctionner. Un chiffre flou ? Pour cause, on ne connaît pas encore l'ampleur des dégats causés par Louvois, qui devait assurer le paiement et la bonne gestion des soldes des personnels militaires et civils de la Défense.
Louvois : 465 millions d'erreurs de soldes en 2012
Sur la seule année 2012, l'écart de dépenses entre le budget prévisionnel et ce que Louvois a versé aux soldats est de... 465 millions d'euros. Le pire, c'est que si certains militaires ont trop touché, beaucoup ont aussi été victimes de soldes à zéro, ou à 100, 200, 500 euros, sans explication et ce parfois pendant des mois. En tout, 120 000 réclamartions sur soldes auraient été transmises par les militaires concernés à leur hiérarchie, et traitées parfois tardivement. On ne compte plus les témoignages de familles de militaires, en particulier ceux en mission à l'étranger, qui ont du faire appel à la solidarité familiale, à des crédits bancaires exhorbitants, voir, vendre des actifs, voiture ou maison, pour passer le cap ! Le ministère de la Défense prétend qu'il ne reste plus que quelques centaines de dossiers litigieux en souffrance, quand les associations de militaires parlent de dizaines de milliers...
Conscient que Louvois ne peut plus être amélioré ni réparé, le ministre de la Défense, Jean Yves le Drian, a donc confirmé ce matin sur Europe 1 que le système serait débranché prochainement. Seulement voilà, il faut, avant de basculer sur un nouveau système de paie, continuer en attendant d'utiliser Louvois.... "On va remettre en place un dispositif plus robuste, qui va être préparé avec beaucoup de vigilance, qui va être expérimenté, et qui va se mettre en place dans les mois qui viennent" a déclaré Jean-Yves le Drian.
La Défense devra payer des indemnités de rupture
La société de services informatiques Steria, qui a participé au développement de Louvois, a précisé ce matin que la partie "calcul de soldes" n'avait pas été développée par ses services mais en interne, par le ministère de la Défense. On sait déjà que Jean-Yves le Drian a renoncé à chercher les responsabilités dans cette affaire, conscient qu'il y avait beaucoup plus à perdre qu'à y gagner. L'abandon de Louvois risque cependant de coûter cher à la Défense aussi en indemnités de rupture à servir aux sociétés partenaires, qui bénéficiaient de contrats pluri-annuels sur appels d'offres, et dont la responsabilité ne sera donc pas mise en cause.