La France doit acheter des drones à l’étranger faute de savoir en fabriquer

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Par Laure De Charette Modifié le 21 mai 2013 à 3h02

Il n'y a pas de pilote de l'avion, ou plutôt il n'y a pas d'avion sans pilote en France. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, estime que la France "a raté le rendez-vous des drones". Il a fait cette déclaration alors que l'armée française va acheter aux Américains deux drones. Ces engins militaires serviront à des missions de renseignement et de surveillance aérienne, notamment au Mali. Mais d'après les experts, ils peuvent aussi se transformer en engins armés capables de tuer s'ils sont réaménagés. Les Américains parlent d'ailleurs d'« assassinats ciblés », visant par exemple des dirigeants d'Al-Qaïda ou d'autres mouvements terroristes.

Actuellement, seuls deux pays au monde sont capables de construire des drones : les Etats-Unis et Israël. Des négociations sont d'ailleurs en cours pour en acheter à Israël. La France possède déjà quatre drones d'observation, qui ont notamment servi en Afghanistan. Mais le récent Livre Blanc de la Défense recommande d'en acheter douze, pour réduire notamment la dépendance de l'armée française vis à vis des renseignements récoltés par les drones américains.

Comment le pays du Rafale a-t-il pu louper le coche et échouer à fabriquer cette technologie d'armement de pointe ? En raison d'"un mélange d'aveuglement stratégique et de rivalités industrielles" d'après Libération qui rapporte des propos du ministre. Il aurait fallu en effet que les industriels français, au premier rang desquels figurent Dassault Aviation et EADS, travaillent de concert. Mais ils ont jusque-là échoué à mettre en œuvre une partition commune, alors que la fabrication de drones à l'étranger a commencé dès les années 1990. Pour Jean-Yves Le Drian, Paris ne peut se permettre d'attendre dix ans de plus que nos champions industriels se décident enfin à agir ensemble.

Au grand dam d'Eric Trappier, PDG de Dassault, qui a jugé bon de rappeler que les industriels européens disposent de la technologie, mais qu'ils attendent toujours le lancement d'un programme européen !

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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