Mobilisons-nous pour le financement de nos TPE !

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Par Stéphane Vromman Modifié le 6 avril 2018 à 7h07
Apprentissage Jeune Emploi Tpe Pme
30 %30 % des TPE françaises connaissent des difficultés de trésorerie.

Commerçants, artisans, agriculteurs, … avec 2 millions d’entreprises et autant d’emplois, les TPE représentent un enjeu considérable pour la France !

Au-delà de ces statistiques, les TPE sont aussi les garants d’une certaine idée d’une France pas encore totalement conquise par les franchises, les malls et autres GAFA. Le dernier rempart vers un déséquilibre territorial visant à vider toujours plus les territoires ruraux au profit des métropoles. La revitalisation des centres-villes est, à juste titre, une préoccupation majeure. Et des TPE dynamiques sont de toute évidence une des clés face à cette problématique.

Mais le talon d’Achille de ces entreprises est leur financement. En effet, nombreuses sont celles qui peinent à se financer et donc à se développer, ou encore à survivre. 30% des TPE, soit 600 000, connaissent chaque année des difficultés de trésorerie. On marche sur un fil. Pourtant, les chiffres montrent que la pérennité des TPE s’améliore de manière significative avec la taille des investissement initiaux. Or, 49% d’entre elles ne bénéficient pas d’un prêt bancaire lors de leur création.

Les transmissions vont également représenter un enjeu majeur alors que dans les dix années à venir 600 000 TPE seront à reprendre. « Moins de 20% des entreprises trouvent un repreneur », selon Véronique Louwagie, député de l’Orne. Près de 500 000 TPE sont donc en péril. Or, encore une fois, d’après les banques, les repreneurs pêchent souvent par manque de fonds propres.

Nous y revenons. Toujours le même problème. Beaucoup de nos TPE sont sous capitalisées et donc structurellement fragiles. Quelles conséquences ? Une résilience limitée dans les périodes difficiles (relativement fréquentes ces derniers temps), et une faible capacité à investir et donc à construire leur pérennité à long terme et à rivaliser contre la concurrence du web et des chaînes notamment.

Mais alors que faire ?

L’œil optimiste verra pourtant dans la période actuelle une opportunité presque inespérée !

La prise de conscience de l’enjeu de protéger et de soutenir nos TPE n’a jamais été aussi grande. L’engouement pour le local s’accélère. En témoigne la place grandissante des circuits courts dans tous les domaines. Les taux bas offrent des perspectives peu exaltantes pour les épargnants et pourraient les pousser vers des alternatives, en s’ajoutant à une tendance de recherche de sens. Le gouvernement cherche les outils pour rediriger l’épargne vers les entreprises. Et surtout, des solutions existent déjà et ne demandent qu’à se développer !

Qui aurait imaginé qu’une société comme la biscuiterie Jeannette créée en 1850, allait pouvoir renaître de ses cendres grâce à 150 épargnants actionnaires ? Qui aurait pensé qu’un projet de boucherie dans un village de 1000 habitants ou une épicerie multiservices en milieu rural auraient la moindre chance sans financement institutionnel ? Pourtant grâce à la volonté d’entrepreneurs passionnés et au soutien d’investisseurs du grand public, tous ces projets ont pu voir le jour et sont de beaux succès.

Mais alors si la solution existe et que les épargnants semblent montrer un réel engouement pour le soutien des TPE de leurs territoires, ça veut dire que tout est réglé ? Malheureusement non !

Investir, une démarche rendue anxiogène... mais qui ne doit pas l'être !

Comme souvent, à trop vouloir protéger, prévoir LE cas sur 100 000 « qui pourrait, peut-être, si, … », on a créé un contexte anxiogène pour les épargnants tout comme pour les institutions financières qui empêche un développement massif de ce type de démarches.

Vous souhaitez investir ou même simplement vous renseigner ? Via le financement participatif comme dans votre agence bancaire c’est la même histoire. Il faut d’abord écouter les risques, remplir des questionnaires, déclarer votre patrimoine, vos connaissances financières, vos documents d’identité, justificatifs de domicile, et même parfois signer des décharges !

En résulte un constat partagé dans toutes les sphères, et particulièrement exaspérant : « on ne peut pas le proposer, les Français sont averses au risque !». Les Français sont averses au risque, vraiment ?

Comment s’en convaincre quand en parallèle l’accès aux jeux d’argent est si facile et que ces dépenses par habitant, elles, ne cessent d’augmenter ? Elles représentent aujourd’hui en moyenne 10% des dépenses consacrées aux loisirs et à la culture ! On imagine ce que cette moyenne peut représenter dans certains ménages …

Il ne s’agit pas de tout déréguler sauvagement. Bien entendu, avertir sur les risques et inviter à investir selon ses moyens tout en diversifiant ses placements est indispensable. Mais si nous voulons faire bouger les lignes, c’est tout un système et des décennies d’habitudes bien ancrées qu’il va falloir repenser. Si nous y arrivons, demain chaque français pourrait avoir quelques parts dans des TPE et PME de son territoire avec un impact positif colossal pour notre économie, un renforcement du lien social et un sentiment de fierté pour celles et ceux ayant pris part à ces belles aventures.

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Stéphane Vromman est co-fondateur de Tudigo, un site de financement participatif de proximité en France avec plus de 800 entreprises financées (TPE/ PME et ETI) et près de 8,4 millions d'euros collectés.  Le credo de Tudigo : Permettre aux habitants de devenir acteurs du développement de leur territoire en soutenant les projets locaux qui leur plaisent. Tudigo soutient des projets dans tout l'Hexagone depuis 5 ans et a pour mot d'ordre de favoriser le rayonnement de l'économie locale, régionale et nationale.

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