Dette : cette année, la France a pu emprunter à un taux jamais vu

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Par Laure De Charette Publié le 6 décembre 2012 à 2h03

« Quand vous placez vos bijoux dans un coffre-fort, vous êtes prêts à payer pour cela » dixit un haut fonctionnaire européen cité en juillet par Le Monde. Jamais la France n'a pu emprunter à un taux aussi bas, 1,87% en moyenne en 2012, selon les derniers chiffres de Bercy. On est loin des 17,5% que le pays avait connu juste après l'élection de François Mitterrand en 1981. En juillet dernier, certains investisseurs avaient même acheté de la dette tricolore à un taux négatif, c'est-à-dire qu'ils avaient payé pour nous prêter de l'argent, d'où la phrase de ce haut fonctionnaire. Comme les agences de notation, Standard & Poor's d'abord et plus récemment Moody's, avaient dégradé la note de la France en lui retirant son triple A, on pensait que les taux d'intérêt allaient s'envoler. L'arrivée de François Hollande à l'Elysée était aussi censée susciter l'angoisse des marchés. Que nenni !

Pourquoi un tel Etat de grâce ? Grâce à la crise ! Par rapport à ses voisins, notamment ceux du sud, en proie à des difficultés très importantes, la France apparaît aux yeux des investisseurs comme une terre relativement stable. Presque une oasis de sécurité financière. Du coup, les banques centrales, en quête d'un placement le moins volatile et risqué possible, achètent volontiers de la dette hexagonale, tout comme ils achètent de la dette allemande ou américaine en masse. Or ces achats de titres font baisser les taux d'intérêt à long terme. Certes la France a perdu son précieux triple A, mais elle n'est pas la seule : seuls douze pays dans le monde, dont quatre dans la zone euro, détiennent encore la note maximale auprès des trois grandes agences de notation. Les Etats émetteurs de dette très sûre deviennent donc rares. Et parallèlement, la demande d'actifs de qualité ne cesse d'augmenter.

Cela permet à l'Etat d'emprunter moins cher sur les marchés et donc de réduire la charge de la dette. D'autant que le budget 2012 avait été préparé sur une estimation moyenne d'un taux d'emprunt de 3,7%. Donc cette baisse des taux d'intérêts devraient avoir permis à la France de ne pas dépenser plusieurs centaines de millions d'euros.

Comme le rappellent Les Echos, 63% de la dette française est actuellement détenue par des étrangers. Ce sont notamment les investisseurs asiatiques et du Moyen-Orient qui en achètent. Mais aussi le Mécanisme européen de stabilité, né cet automne, et qui n'investit que dans des dettes jugées solides, dont la nôtre. L'an prochain, les taux devraient rester bas selon les analystes, autour des 2%. A condition que la crise continue en Grèce, en Espagne, en Italie !

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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