75%, allocations familiales, retraites : ce que François Hollande a dit au Journal Télévisé

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Par Laure De Charette Modifié le 29 mars 2013 à 6h07

Sans surprise, ce sont surtout les entreprises et les familles qui vont trinquer, pour réaliser les économies par ailleurs nécessaires. C'est un François Hollande précis, sérieux, maître de lui, soucieux de se montrer dynamique et résolu, qui est apparu hier soir au Journal télévisé de France 2 hier soir, comme pour rassurer les Français qui le chahutent dans les sondages (51% le trouvent « mauvais président de la République »). L'exercice, difficile et convenu, lui a permis d'expliquer notamment sa politique économique, ce sur quoi les Français l'attendaient le plus au tournant. « J'ai le cuir solide, j'ai les nerfs tout à fait froids, de sang-froid » a-t-il assuré, à l'attention de ceux qui en douteraient.

Les 75%, retoqués par le Conseil Constitutionnel et qui devaient toucher les hauts revenus ? Ce ne seront plus les particuliers, comme prévu, mais les entreprises qui vont les payer. Quand un chef d'entreprise gagnera plus d'un million d'euros par an, son entreprise devra payer une taxe de 75% sur la partie de la rémunération dépassant le million, et ce pendant une durée supposée temporaire de deux ans. Cela va concerner une poignée de patrons, ceux du CAC 40 essentiellement, qui ont gagné en moyenne 4,2 millions d'euros en 2011. On le savait : après avoir plafonné la rémunération des patrons du secteur public à 450 000 euros, le gouvernement réfléchissait depuis plusieurs semaines à limiter la rémunération des grands patrons du privé, dans la foulée de la décision prise par les Suisses. Le risque étant évidemment qu'ils partent s'installer à l'étranger pour éviter cet impôt. Comme le suggérait Bernard Charlès, DG de Dassault Systèmes, à qui son conseil d'administration propose de s'expatrier, une décision très facile à prendre à l'heure de la mondialisation.

Les allocations familiales ? Exit l'universalité : désormais, une famille aux revenus jugés élevés ne percevra pas la même somme qu'une famille en difficulté pour l'éducation de ses enfants. Tout le monde continuera à recevoir cette aide, mais à des degrés divers. Récemment, le député PS Gérard Bapt a proposé de diviser par deux les allocations familiales pour les familles jugées « aisées », c'est-à-dire qui gagnent au moins 53 000 euros par an si elles ont deux enfants, et 61 000 euros si elles en comptent trois. Est-ce la piste que François Hollande va suivre ? Mystère... Jusqu'à aujourd'hui, les célèbres allocations familiales, créées en 1938, sont versées avec un barème progressif qui augmente en fonction du nombre d'enfants et sans tenir compte des revenus du ménage, en vertu d'un principe d'égalité. 73% des familles en touchent.

Les retraites ? Pour sauver le régime général menacé de faillite, tout comme le régime complémentaire d'ailleurs, le chef de l'Etat veut allonger les durées de cotisation. Ce qui revient en filigrane à repousser l'âge de départ à la retraite, sans vraiment le dire. Il n'a pas exclu aussi l'idée de désindexer les pensions des retraités, c'est-à-dire de ne plus augmenter chaque année les sommes versées en fonction de l'inflation, ce qui revient in fine à faire perdre en pouvoir d'achat les retraités. Les petits retraités seraient a priori davantage épargnés. Globalement, il n'a pas livré beaucoup de détails sur cette réforme pourtant majeure, et douloureuse.

Le pouvoir d'achat ? Pour le doper, il va permettre aux salariés de bénéficier immédiatement des sommes accumulées dans le cadre de la participation salariale. Jusque-là, cet argent ne peut être débloqué avant les cinq ans requis qu'en cas d'achat d'appartement, de troisième enfant, de mariage, divorce, licenciement, etc.

Quant aux sujets de société comme le mariage homosexuel, il a confirmé son intention d'aller au bout du processus législatif en cours, tout en bottant en touche sur l'ouverture de la Procréation médicalement assisté aux couples gays, se bornant à dire qu'il respectera « ce que dira le comité national d'éthique ».

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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