COP21 : les décideurs ne peuvent pas faire l’impasse sur le gaz naturel

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Par Alexandre Toussaint Modifié le 29 novembre 2022 à 9h25
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15%Le gaz naturel représente 15% du bilan énergétique de la France.

Alors qu’approche la COP21, grand-messe sur le climat qui se tiendra cette année à Paris (du 30 novembre au 15 décembre), et que vient de s’achever, à Paris toujours, le 26ème Congrès mondial du gaz, la question du rôle joué par le gaz naturel dans la transition énergétique devrait se poser de façon prégnante. Ce n’est pas tout à fait le cas. Hydrocarbure fossile, au même titre que le pétrole, il souffre dans l’imaginaire collectif de sa parenté organique avec ce dernier. Le gaz naturel est pourtant bien plus propre, et a vocation à s’imposer comme pilier de la transition énergétique, en complément et en appui des énergies renouvelables (EnR).

Compétitivité et propreté au rendez-vous

En l’espace de 40 ans, la consommation de gaz naturel a été multipliée par 2,8 dans le monde, pour s’établir à 3 310 millions de m3 en 2013. Une tendance qui ne devrait pas baisser dans les prochaines années, puisque l’Agence internationale de l’Energie prévoit un doublement de la consommation mondiale d’ici 2030. La France est également concernée. Le gaz naturel représente actuellement 15 % du bilan énergétique national, alors qu’il ne représentait que 7,4 % en 1973. Le secteur résidentiel/tertiaire est de loin le plus gros consommateur du pays, étant à l’origine de 57,6 % de la consommation totale de gaz naturel en 2013.

Le succès du gaz naturel est notamment à mettre sur le compte de son caractère bon marché. S’il est moins cher que le pétrole par exemple, c’est aussi que moins polluant, il ne nécessite pas l’installation d’appareillages de dépollution spécifiques dans les infrastructures où il est utilisé, au contraire d’une installation brûlant du charbon par exemple (centrale électrique, cimenterie, etc.) – charbon qui reste cependant une énergie cheap, d’où son succès.

L’avantage principal du gaz naturel, on l’aura compris, tient aux faibles niveaux de pollution dont il est émetteur. Il émet ainsi 20 à 25 % moins de CO2 que le fioul, et 40 à 50 % moins que le charbon. De plus, sa combustion ne dégage quasiment pas de dioxyde de souffre (SO2, responsable des pluies acides), de poussière, de suie ou de fumée.

Energie fossile de loin la moins polluante en soi, son efficacité énergétique propre ne fait pourtant pas sa seule richesse. Si la gaz naturel a vocation à jouer un rôle primordial dans la transition énergétique, ce n’est pas parce qu’il constitue un « moindre mal » (par rapport aux autres énergies fossiles) mais bel et bien parce qu’il représente l’allié idéal des EnR, à même de les compléter et d’optimiser leurs performances.

Gaz naturel et énergies renouvelables, le combo gagnant

La chose est peu sue, une conception binaire (pour ne pas dire manichéenne) du secteur de l’énergie nous ayant appris à dresser l’ensemble des EnR contre l’ensemble des énergies fossiles, pourtant énergies renouvelables et gaz naturel sont amenés, dans un avenir proche, à œuvrer de plus en plus souvent de concert.

Dans un mix énergétique qui tend à se « verdir » (d’ici 2020, en accord avec les dispositions du paquet climat-énergie européen, la France se doit d’injecter au moins 20 % d’EnR dans son réseau), le gaz naturel n’est pas amené à disparaître. Souvent intermittentes, d’un coût de déploiement élevé, les EnR ne possèderont pas la capacité de production nécessaire à assurer la majeure partie des besoins d’un pays comme la France avant des décennies. Dans ce contexte, s’il convient d’encourager leur essor, il importe également de ne pas annuler les bénéfices de cette croissance durable en couplant les EnR avec d’autres énergies polluantes (ce que fait l’Allemagne par exemple, qui réussit l’ « exploit » d’être à la fois un pays en pointe sur l’éolien et… le charbon). Le gaz permet de réaliser un mariage sein avec les renouvelables, en inscrivant les foyers dans le respect de la réglementation thermique (RT 2012).

Gaz naturel et énergie solaire thermique ou photovoltaïque font par exemple bon ménage, le couplage de panneaux solaires et d’une chaudière à condensation constituant une solution efficiente, répondant aux plus hauts niveaux de performance énergétique, et permettant d’estampiller un foyer « bâtiment à énergie positive (Bepos) ». Il en va de même pour les associations gaz naturel et bois ou gaz naturel et aérothermie, qui permettent de baisser sa facture d’électricité et de réduire ses émissions de CO2.

Mais le gaz naturel, non content de compléter l’offre de renouvelables, la booste également, via le principe du « Power to Gas » (PtG), ou conversion d’électricité en gaz, technologie permettant le stockage de la surproduction des énergies renouvelables grâce à leur transformation en hydrogène ou en méthane de synthèse. Autrement dit, si un gros coup de vent ou une forte chaleur faisaient souvent surproduire, jusqu’à présent, éoliennes et panneaux photovoltaïques en partie pour rien, l’excédent étant perdu faute de solutions de stockage efficaces, le « Power to Gas » propose d’accueillir l’hydrogène ou le méthane produit dans les réseaux de gaz naturel existants, et de les mélanger avec ce dernier pour maximiser la part d’EnR dans le réseau.

Le gaz naturel à l'honneur lors de la COP21 ?

Lors du Congrès mondial du gaz, qui s’est tenu à Paris du 1er au 5 juin dernier, ni le Président de la République, ni aucun membre du gouvernement ne sont venus prendre la parole, comme il est d’usage de la part du pays organisateur lors de cet événement. Laurent Fabius, qui devait intervenir sur le thème de la COP21, a tout bonnement annulé sa venue. Une absence remarquée, qu’on peut sans doute interpréter comme une marque de relative indifférence des pouvoirs publics à l’égard de la place du gaz naturel dans le processus de transition énergétique. Pour toutes les raisons exposées plus haut, ce snobisme semble pourtant malvenu, puisqu’il pourrait finir par entraver l’essor des EnR, et contrecarrer les objectifs français en matière d’efficacité énergétique.

Les industriels du gaz on toutefois pu se consoler lorsque Christian Masset, secrétaire général du Quai d’Orsay, a souligné que "dans de nombreux pays du monde, (les gaziers) sont une partie de la solution car le gaz est la moins polluante des énergies fossiles », ajoutant qu’"aux Etats-Unis, le développement du gaz a contribué à diminuer les émissions de CO2 », avant de saluer « l’engagement du secteur à développer les énergies propres et renouvelables et les technologies de capture et de séquestration du carbone".

De quoi faire en sorte que soit envisagée avec toute l’attention qu’elle mérite la solution du gaz naturel lors de la COP21 ? C’est en tout cas ce que souhaite Jérôme Ferrier, président de l’Union internationale du gaz : « Dans la perspective de la COP21, la conférence sur le climat la plus importante depuis Kyoto, il est crucial d’établir le rôle du gaz comme pilier d’une économie mondiale plus équilibrée et, au final, moins émettrice de carbone. » On ne saurait mieux dire.

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