Traité de « minable » par le Premier ministre, Gérard Depardieu veut rendre son passeport

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Par Laure De Charette Modifié le 17 décembre 2012 à 6h03

The Artist refuse de rester muet. « Minable, vous avez dit "minable ? Comme c'est minable. J'ai commencé à travailler à l'âge de 14 ans. J'ai toujours payé mes taxes et impôts quel qu'en soit le taux sous tous les gouvernements en place. À aucun moment, je n'ai failli à mes devoirs. Les films historiques auxquels j'ai participé témoignent de mon amour de la France. Je n'ai malheureusement plus rien à faire ici. Je pars parce que vous considérez que le succès, la création, le talent, en fait, la différence, doivent être sanctionnés ». Tels sont les premiers mots, empreints de colère et d'émotion, de Gérard Depardieu, l'immense acteur français, l'un des plus connus à l'international –même la presse d'Asie évoque la polémique actuelle !- dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre Jean-Marc Ayrault, parue hier dans Le Journal du Dimanche.

S'estimant insulté par des membres du gouvernement depuis l'annonce de son départ en Belgique, dans le petit village rural de Néchin, pour des raisons fiscales, l'homme aux 170 films va plus loin : « Je vous rends mon passeport », écrit-il, avant d'ajouter « et ma Sécurité sociale », dont il ne s'est dit-il « jamais servi », ce qui parait étonnant vu les nombreux problèmes de santé qu'il a rencontrés dans sa vie (il les cite d'ailleurs plus loin : « cholestérol, hypertension, diabète, alcool »). Quoi qu'il en soit, il dit avoir « payé 145 millions d'euros d'impôts en quarante-cinq ans » alors se faire insulter, c'est la goutte de trop.

Le problème, c'est qu'il ne peut pas se déchoir volontairement de sa nationalité française, car il se retrouverait alors apatride. Entre temps, on a appris qu'il se serait renseigné pour obtenir la nationalité belge. Mais on ne devient pas Belge d'un coup de baguette magique : si tant est que le Royaume l'accueille comme l'un de ses nouveaux concitoyens, le processus est long, entre cinq et dix ans.

Du côté de la classe politique, cette lettre ouverte déchaîne les passions -à gauche, on estime que l'acteur se montre antipatriote parce qu'il quitte le navire en pleine crise- et à droite, on déplore le matraquage fiscal : « On avait Astérix et Obélix. Astérix [Christian Clavier] est parti à Londres, Obélix part à Bruxelles » a lâché Nathalie Kosciusko-Morizet, ancienne ministre UMP.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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