La Grande Bretagne se lance dans les emprunts islamiques

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Par Laure De Charette Modifié le 30 octobre 2013 à 2h26

Un emprunt conforme à la charia. Le Premier ministre David Cameron et son ministre des Finances, appelé outre-manche le chancelier de l'Echiquier, ont annoncé qu'ils envisagent de réaliser une levée de fonds d'environ 200 millions de livres (233 millions d'euros) en « sukuk ».

Londres veut booster la finance islamique sur son territoire

Ce produit financier, adossé à un actif tangible et à échéance fixe qui confère un droit de créance à son propriétaire, s'apparente à ce que nous appelons aujourd'hui les obligations. Mais autant les actions sont licites dans l'islam (sous conditions), autant les obligations, elles, ne le sont pas. Le Sukuk permet donc de se conformer à la charia, car il est dépourvu de taux d'intérêt, ces derniers étant interdits par l'islam.

Objectif de la manœuvre : rendre Londres, et notamment son centre financier la City, plus puissant en matière de finance islamique, laquelle se développe, selon le ministre « 50 % plus vite que les activités bancaires traditionnelles ». Et montrer sa bonne volonté en la matière aux investisseurs musulmans, du Moyen-Orient notamment.

Selon le magazine Afrique Expansion, au cours de la dernière décennie, les plus grandes banques islamiques auraient enregistré une croissance annuelle continue estimée autour de 15%. D'après une étude de 2012 publiée par Ernest & Young, la finance islamique représente 1000 milliards de dollars, soit 1% des flux financiers mondiaux.

L'Iran, l'Arabie Saoudite et la Malaisie restent les trois principaux centres de la finance islamique dans le monde. Une partie de leur système bancaire est donc conforme à la Charia, qui interdit la spéculation et, on l'a dit, le prélèvement de taux d'intérêt.

Londres, numéro un en Europe en matière de finance islamique

Le Royaume-Uni a toujours été pionnier dans l'industrie de la finance islamique en Europe. Depuis 2008, le système bancaire britannique compte trois banques pleinement islamiques.

Rappelons qu'il existe deux types d'émission de sukuks : souverain, émis par un Etat, dont il est question ici avec la Grande-Bretagne ; et corporate, émis par une société ou une banque.

L'annonce de cette émission de sukuk n'est en réalité pas vraiment une première dans la mesure où en 2006, le Royaume-Uni a déjà lancé un projet de sukuk anglais mais il a été abandonné en raison de la crise financière.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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