Grandir sans domicile: l’UNICEF France alerte sur le sort des enfants sans-abris

Anton Kunin
Par Anton Kunin Modifié le 12 octobre 2022 à 7h56
Enfants Sans Domicile
42.000En août 2022 en France, plus de 42.000 enfants vivaient dans des hébergements d'urgence, des abris de fortune ou dans la rue.

Dans un nouveau rapport, l’UNICEF France et le Samu social de Paris font un coup de projecteur sur les enfants privés de logement. Au-delà de la précarité qu’induit l’absence de domicile, cette situation a un impact considérable sur leur santé mentale.

La privation de logement n’est pas sans conséquences sur la santé mentale

Si l’on parle beaucoup des sans-abris adultes, on oublie trop souvent les enfants. Et pourtant, ce problème les touche également. En août 2022 en France, plus de 42.000 enfants vivaient dans des hébergements d’urgence, des abris de fortune ou dans la rue, estiment l’UNICEF France et la Fédération des acteurs de la solidarité.

« L’enfance constitue une période essentielle du développement de l’individu, avec ses aspects psychologique, émotionnel, social, cognitif et comportemental. Le logement est un facteur environnemental central pour l’enfant car il structure ses expériences et influe sur le milieu familial, scolaire et amical dans lequel il évolue. Le fait d’en être privé confronte l’enfant à des conditions de vie dégradées, mêlant nuisances, insalubrité, exiguïté, insécurité, manque de commodités, qui vont ainsi engendrer d’importantes répercussions sur sa santé physique et mentale à court et moyen terme, mais aussi sur le long terme, affectant sa vie de futur adulte », alertent l’UNICEF Franc et le Samu social de Paris dans un rapport conjoint publié à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale le 10 octobre 2022.

La France manque de pédopsychiatres, et la situation ne va qu’empirer

Les enfants sans-domicile rencontrent de multiples obstacles pour accéder à l’école, maintenir une continuité scolaire et disposer de conditions favorables à leurs apprentissages. En plus, la précarité inhérente à l’absence de domicile engendre des problèmes de santé mentale : elle peut altérer les interactions et le fonctionnement au sein même de la famille, que ce soit par des conflits interpersonnels, la fragilisation des liens d’attachement ou encore le manque d’intimité. « La qualité des interactions familiales est pourtant reconnue comme étant fondamentale au soutien et à la sécurisation du développement psychique de l’enfant », rappellent les auteurs du rapport.

Et même si prévenir vaut mieux que guérir, le manque de pédopsychiatres en France est un phénomène qui exacerbe les problèmes de ces enfants. L’Ordre des médecins rapporte en effet une diminution d’un tiers des effectifs de médecins compétents à exercer la pédopsychiatrie en France entre 2010 (3.113 professionnels) et 2022 (2.039 professionnels). En plus, un tiers (36,4%) des médecins actifs en pédopsychiatrie sont des retraités encore en activité, et la moyenne d’âge pour les actifs réguliers hors retraités est de 56 ans, ce qui constitue en quelque sorte une « bombe à retardement ».

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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