Les pays du G20 promettent que la « guerre des monnaies » n’aura pas lieu

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Par Laure De Charette Modifié le 18 février 2013 à 1h44

« Il doit y avoir compétition entre les économies, pas entre les monnaies » dixit le ministre russe des Finances, Anton Silouanov. La réunion des ministres des Finances des pays riches et émergents membres du G20 qui s'est tenue vendredi et samedi à Moscou s’est terminée sur une promesse : leurs pays ne se lanceront pas dans la « guerre des monnaies » dont la presse parle tant. Concrètement, ils s’engagent dans le communiqué final notamment à ne pas procéder à des dévaluations compétitives de leur monnaie. Comme l’a résumé le ministre des Finances tricolore, Pierre Moscovici : « Ce sont les marchés qui doivent fixer les taux de change », sous-entendu, et non les gouvernements. « Le monde ne doit pas faire l'erreur (...) d'utiliser les devises comme instrument de guerre économique », a conclu le ministre britannique des Finances George Osborne.

Ces jolies déclarations ne doivent pas faire oublier que différents membres du G20 utilisent justement leur monnaie comme une arme. La Chine par exemple, mais aussi les Etats-Unis et plus récemment le Japon, sont soupçonnés de maintenir artificiellement leur monnaie en dessous de sa valeur naturelle pour doper leurs exportations. Il leur suffit de faire tourner la planche à billets, c’est-à-dire de produire de la monnaie pour mieux la déprécier, pour relancer leur balance commerciale et soutenir ainsi leurs économies. L’Europe s’y refuse. Résultat : l’euro est une des monnaies les plus chères du monde ! Il s’est apprécié de près de 8% face au dollar ces trois derniers mois, ce qui met à mal les efforts de relance économique de la région car nos produits deviennent trop chers à l’export.

Mais qui dit pas de guerre dit pas d’ennemi (déclaré) : pas un mot donc n’a été prononcé officiellement pour dénoncer la méthode du Japon, qui a dévalué son yen de 20% pour stimuler sa croissance (et au passage, dégonfler mécaniquement le poids de sa dette). Cela fait quatre fois depuis septembre 2010 que le Japon intervient sur le marché des changes pour faire baisser sa devise : trois fois de façon unilatérale et une fois en accord avec les pays du G7, après le séisme et le tsunami de mars 2011. Qui ne dit mot consent ?

Cette paix affichée entre les pays a été saluée par Christine Lagarde, directrice générale du Fonds Monétaire International, qui préfère la « coopération » au « conflit ».

L’hôte russe a souligné que la relance de la croissance mondiale doit passer par des réformes structurelles, et non par des ajustements de changes en partie artificiels et court-termistes. Une volonté aux antipodes des analyses de certains économistes, pour qui la baisse de l'euro est justement la meilleure solution pour doper l'activité rapidement.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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