Dans leur immense majorité, les gouvernements à travers le monde ont laissé les inégalités s’exacerber depuis le début de l’épidémie de Covid-19, déplore l’ONG Oxfam.
Sur les 161 pays analysés, 143 n’ont pas augmenté les taux d'imposition de leurs citoyens les plus riches
À quelques exceptions près, l’épidémie de Covid-19 n’a pas été une locomotive du progrès social, concluent l’ONG Oxfam et Development Finance International (DFI) après avoir passé à la loupe les dépenses sociales et les réformes fiscales (ou leur absence) dans la quasi-totalité des pays du monde. Leur étude nous apprend qu’en dépit de la pire crise sanitaire depuis un siècle, la moitié des pays à revenu faible ou intermédiaire inférieur analysés ont réduit la part des dépenses de santé dans leur budget. Près de la moitié des pays (77) ont réduit la part consacrée à la protection sociale, tandis que 70 % ont réduit la part consacrée à l'éducation.
Concernant la fiscalité, malgré l'énorme pression exercée sur les finances publiques, 143 des 161 pays ont gelé les taux d'imposition de leurs citoyens les plus riches, et 11 pays les ont même réduits. Seuls 7 pays « ont choisi de faire ce qu’il fallait et d’augmenter les impôts des riches pour aider la société à surmonter cette pandémie et ses conséquences économiques », affirme Oxfam.
Des progrès par-ci, par-là malgré tout
Parmi les « bons élèves » sur le front des dépenses publiques, Oxfam cite le Territoire palestinien, qui a augmenté les dépenses sociales destinées à la lutte contre les inégalités pour les porter de 37% à 47% de son budget. Le Népal a, pour sa part, augmenté ses dépenses de santé de plus de moitié entre 2019 et 2021. La Corée du Sud a amélioré les dépenses dans les services publics, renforcé la couverture des services (permettant à 9 enfants sur 10 parmi les plus pauvres d’achever leur éducation secondaire, le taux le plus élevé au monde) et réduit de 45% les dépenses de santé directes. Le Sénégal a augmenté la part du budget de l’éducation d’un cinquième et celle de la protection sociale d’un tiers, ce qui en fait le pays le plus engagé dans les dépenses pour les services publics de lutte contre les inégalités en Afrique de l’Ouest.
S’agissant de la fiscalité, le Costa Rica a augmenté de 10 points de pourcentage son taux supérieur d’impôt sur le revenu, l’Argentine et la Bolivie ont instauré des impôts sur la fortune et des impôts de solidarité sur leurs citoyens les plus riches. Des progrès sociaux ont également été accomplis par certains pays : la Barbade a introduit toute une série de lois visant à améliorer les droits des femmes en matière de travail, et les Maldives ont instauré pour la première fois un salaire minimum à l’échelle nationale.