En moyenne, dans les grandes agglomérations, les loyers dans le parc locatif social sont deux fois moins élevés que dans le parc privé. On comprend dès lors mieux pourquoi personne ne veut lâcher son HLM. Mais cela entraîne de nombreux abus, dénoncés dans un rapport de la Cour des Comptes
Quand des ménages aisés vivent encore en HLM
De nombreuses familles, nous en connaissons tous, ne respectent pas les règles et squattent indûment un appartement dans lequel elles ne devraient plus vivre. Pour de multiples raisons, bonnes ou mauvaises, affectives ou financières. Parfois elles devraient déménager car l'appartement est devenu trop grand par rapport à la configuration de leur famille, par exemple après le départ des enfants, soit parce que les revenus du foyer dépassent les plafonds.
D’après les magistrats, en 2011, "47% des locataires du parc social, soit environ 520 000 ménages, avaient des revenus dépassant 60% du plafond de ressources de logements".
Pire, certains "ménages ont déclaré des ressources supérieures au double du plafond. 54 ménages avaient des revenus supérieurs à 75 000 euros et 10 des revenus supérieurs à 100 000 euros" par an.
Pas assez de HLM en France
Mais peu de locataires sont prêts à partir de leur plein gré, car ils savent pertinemment qu'ils sont chanceux, que la demande de logements HLM est très importante et l'offre peu abondante. En effet, les organismes HLM logent déjà environ 10 millions de personnes, mais les besoins restent criants. La loi SRU a eu beau fixer un objectif de 25 % de HLM dans chaque commune d'ici 2025, de nombreuses villes préfèrent payer une amende que construire du logement social.
Résultat, le système est bloqué : sur les quatre millions de logements sociaux, seuls 400 000 sont remis en location chaque année, pour 1,7 million de demandes. Et certaines familles, plus nombreuses ou aux revenus plus modestes, doivent patienter des années sur liste d'attente afin d'espérer, un jour, bénéficier d'un appartement à loyer modéré.
Résultat aussi, 70% des jeunes entre 18 et 30 ans ont déjà été confrontés à des difficultés d'accès au logement.