Baisse annoncée des salaires des patrons du service public : Une mesure bienvenue ?

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Par Amélie Bruder Modifié le 21 mai 2012 à 5h00

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé vendredi soir sur France Inter que la limitation des salaires des grands patrons des entreprises publiques interviendrait vite.

Cette annonce fait échos à la promesse qui a été mise en évidence par François Hollande lors de la campagne présidentielle sur ce point. Elle visera à mettre en place une différence de 1 à 20 dans l’échelle des salaires des entreprises publiques.

Plus que symbolique, cette mesure peut démontrer son efficacité à plusieurs égards. En effet, la baisse du pouvoir d’achat des Français est aujourd’hui essentiellement due à une trop grande différence dans la répartition des fruits de la production : l’argent manque dans les entreprises mais l’on a continué à augmenter ceux qui gagnaient déjà beaucoup.
Les sacrifiés ont donc été les salariés en place qui ne bénéficient d’aucune augmentation ou que d’une augmentation modérée de leur salaire et surtout les derniers arrivés sur le marché du travail qui n’ont pu bénéficier d’embauche et qui n’ont au contraire pu obtenir que des embauches en CDD voire le simple octroi de stages alors qu’ils recherchaient bien un emploi stable rémunéré à l’issue de leur formation.

Une plus juste répartition des richesses permettra donc sans doute de rééquilibrer les choses sur le terrain de l’emploi et du pouvoir d’achat. Toutefois, la mesure annoncée par M Ayrault ne concerne hélas que les entreprises publiques. On peut légitimement se demander ce qu’il adviendra sur le terrain du secteur privé car si ce qui vient d’être démontré est vrai dans le public, une régulation du mode de rémunération dans le secteur privé aurait encore plus d’avantages.

En effet, si les dirigeants des grandes entreprises ont bénéficié de rémunérations faramineuses, c’est en raison du mode d’intéressement qui leur est attribué par les investisseurs, notamment grâce à leur part variable qui leur est attribuée via ce que l’on appelle des « management package ». Ce mécanisme vise à inciter le dirigeant à faire grimper la performance financière à court terme du cours de l’action et le dirigeant prend part à cette performance puisqu’il est lui-même bénéficiaire des actions de son entreprise.

Pour faire grimper ce cours et, de manière générale, la performance financière du titre (pour que la distribution de dividende soit maximale), il a donc intérêt à serrer les coûts salariaux en limitant les rémunérations des salariés voire en mettant en place des plans sociaux pour ne plus avoir à supporter les coûts de salariés devenus trop chers. En découlent donc les mêmes conséquences que celles qui ont été décrites précédemment sur le marché de l’emploi et la baisse du pouvoir d’achat.

Dès lors si la mesure annoncée par Jean-Marc Ayrault est bienvenue pour ce qui concerne le secteur public, on ne peut qu’inciter le gouvernement à envisager des mécanismes de régulations identiques, dans la mesure du possible, aux grands patrons du secteur privé.

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Amélie Bruder est docteur en droit des affaires et certifiée de l’Edhec Business School. Ex-avocate en reconversion professionnelle vers les milieux du sport et du bien-être (coaching sportif, fitness, zumba, reiki), elle développe un site dédié au fitness et au bien-être (www.myfitnesslesite.fr)

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