Les immigrés s’intègrent mieux dans les pays de l’OCDE

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Par Jean-Paul Gourevitch Publié le 4 décembre 2012 à 9h56

L'OCDE vient de mettre en ligne le 3 décembre 2012 les résultats de son étude "Trouver ses marques: les indicateurs de l'OCDE sur l'intégration des immigrés 2012" qu'on peut consulter sur son site. Il s'agit d'un travail très fouillé effectué sur les 34 pays membres qui s'efforce de comparer les enfants immigrés nés à l'étranger, ceux nés dans le pays de résidence de parents immigrés, et les enfants d'autochtones en matière de revenu, de logement, de santé, d'éducation, d'accès au marché du travail, d' emplois occupés, de participation à la vie publique et des discriminations.

Dans cette étude statistique présentée avec une méthodologie sourcilleuse qui prend soin de lister ses variables, de déterminer des groupes de référence pour asseoir ses comparaisons et d'en signaler les biais, on ne trouvera guère d'informations bouleversantes. Oui, le revenu des ménages immigrés est inférieur de 80% à celui des ménages autochtones et leur taux de pauvreté plus grand ainsi que celui de leurs enfants. Oui, les descendants d'immigrés comptent moins de propriétaires de leurs logements que les autochtones (53% contre 71%) et 20% d'entre eux vivent dans des logements trop petits contre 11% des autochtones. Oui, malgré le vêcu migratoire qui peut être source de stress et la vulnérabilité de la population réfugiée, les migrants ont un état de santé comparable à celui des autochtones.

Oui, les niveaux d'études, "marqueurs d'intégration", segmentent la population nationale selon les trois groupes distingués plus haut avec des écarts importants entre les enfants selon leur lieu de naissance et leurs conditions de vie même si les descendants d'immigrés nés dans le pays de résidence et notamment les filles tendent à réduire l'écart avec les autochtones. Oui, ceux qui ont reçu une éducation préscolaire, qui sont nés dans le pays de résidence ou qui y sont arrivés très tôt ont des meilleurs résultats que leurs compatriotes arrivés plus tardivement. Oui, les migrants sont plus touchés par le chômage que les natifs et le différentiel est encore plus marqué chez les jeunes et les femmes. Oui, le déclassement et les discriminations en matière de logement et d'emploi sont des réalités et ce sont les ressortissants de l'Afrique Subsaharienne qui s'en estiment majoritairement victimes.

En même temps la comparaison entre l'année observée (2009-2010) et la situation antérieure (2000-2001) montre que les écarts se résorbent lentement sur le marché du travail malgré et à cause de l'impact des récentes crises économiques et financières, que les naturalisations progressent ainsi que l'engagement civique, que la proportion des migrations de main d'oeuvre et des migrations étudiantes augmente aux dépens de l'immigration familiale qui reste néanmoins globalement le flux le plus important.

Dans cette avalanche de statistiques, la France se trouve très souvent proche de la moyenne des pays de l'OCDE. Elle ne s'en distingue que par l'importance de son immigration familiale (64%) et étudiante (8%), la prépondérance des migrants en provenance du continent africain, le faible niveau d'éducation de ses immigrés (plus de 45% des pères et 74% des mères ont un niveau correspondant au maximum au premier cycle du secondaire), les mauvais résultats de leurs enfants dans la compréhension de l'écrit, l'importance du chômage des jeunes immigrés puisque la France fait partie des six pays dont le taux est supérieur à 30%.

Dans son avant-propos et comme pour s'en excuser, le rapport mentionne que certains indicateurs ne sont pas statistiquement observables : la motivation, l'adaptabilité, la sensibilisation culturelle, la connaissance du marché du travail et du logement, les conditions d'accès aux services sociaux. Il s'engage en revanche à développer son expertise sur des "variables non observées" : la compétence initiale à l'entrée dans le pays, la qualité des diplômes obtenus à l'étranger, la maîtrise de la langue du pays d'accueil. C'est pourtant ce dernier indicateur qui sous-tend les résultats de toute l'étude. Parce qu'elle donne un meilleur accès aux diplômes et au marché du travail mais aussi parce qu'elle facilite l'intégration à des réseaux diversifiés et augmente par là-même le capital humain de ceux qui se sont donné pour ambition de réussir.

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Jean-Paul Gourévitch est consultant international, spécialiste de l'Afrique et des migrations. Il est l'auteur de L'immigration, ça coute ou ça rapporte ? (Larousse) et de la monographie pour Contribuables Associés, parue en novembre 2012, celle sur l'émigration sera disponible au cours de l'été 2013.

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