L’Intelligence Artificielle et ses vies rêvées

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Par Dominique Monera Modifié le 12 juin 2019 à 14h22
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L'intelligence artificielle (IA) s’installe progressivement dans notre vie et dans celles de nos entreprises. Elle est considérée comme un facteur de progrès et de développement, mais on lui prête souvent un visage peu avenant, menaçant les emplois, l’équilibre de nos sociétés et l’avenir de l’humanité.

L’histoire de la terre a été ponctuée de plusieurs décimations massives et brutales. Les revues scientifiques et Jurassik Park ont contribué à faire connaître au grand public, l’extinction des dinosaures, entre le crétacé et le tertiaire, il y a 65 millions d’années, déclenchée par l’impact d’un objet extra-terrestre contenant de l’iridium, un élément chimique dont les composés sont hautement toxiques. Cette catastrophe n’a pas été le pire fléau de l’histoire de l’évolution. On peut citer l’extinction de masse de la fin de l’Ordovicien, il y a 438 millions d’années et celle de la fin du Dévonien, il y a 367 millions d’années. La plus terrible est celle de la fin du Permien, il y a 250 millions d’années, qui a effacé d’un coup près de 95 % des espèces marines invertébrées. Un effet de serre non contrôlé ne présentera probablement pas de danger majeur sur la planète elle-même. Il la réchauffera et la Terre retrouvera des températures qu’elle a déjà connues plusieurs fois dans le passé. Ce n’est pas un danger pour la planète mais c’est essentiellement un danger pour nous. Si les pôles fondent, nos villes seront immergées mais la planète aura juste un océan plus vaste. Si les robots nous détruisent et règnent sur le monde, je suis prêt à parier que la Terre s’en souciera peu. De nombreuses espèces ont déjà connu la fin des temps. Serons-nous une exception ?

L’éventail des possibles est très large. Il suffit de lire ce que déclarent des personnes très médiatisées sur l’IA. Certains prédisent le pire, la fameuse singularité, le jour où l’IA, appelée aujourd’hui IA faible, car dénuée de conscience, deviendra forte, capable de « penser qu’elle pense » et de généraliser son apprentissage. Les machines deviendraient alors plus intelligentes que nous et nous remplaceraient comme espèce dominante. Ray Kursweil, directeur de l’ingénierie chez Google et créateur de la Singularity University en Californie prédit la singularité avant 2050. D’autres comme Laurent Alexandre, auteur de la guerre des intelligences et Elon Musk, fondateur de SpaceX, affirment que si nous voulons ne pas devenir l’esclave des machines, nous devrons en devenir une en augmentant nos capacités à l’aide de nano puces implantées dans notre corps. C’est ce qu’on appelle le transhumanisme technologique. Enfin, certains pensent tout au contraire que tout cela n’arrivera jamais et que nous créerons un avenir idyllique car nous saurons maitriser l’IA. Un monde parfait où nous siroterons des cocktails au bord des lagons tandis que les robots se chargeront des travaux de peine.

Nous recevons deux messages contradictoires, chacun reposant sur des arguments légitimes. Les pessimistes projettent dans l’avenir la courbe exponentielle de l’évolution de l’humanité. Les optimistes partent du principe que l’être humain conservera le monopole de l’affect, de l’empathie et de l’intelligence émotionnelle qui nous préserveront d’un univers à la Georges Orwell.

Le seul point dont on peut être sûr, c’est que chacun expose ses idées avec assurance et détermination.

Nous avons beaucoup de mal à prédire notre futur lointain. Au début du 20ème siècle, nos arrières grands parents nous promettaient des expéditions spatiales et des voitures volantes pour le début du 21ème. Au bout du compte, nous avons créé les ordinateurs, puis internet et les smartphones.

En revanche, nous pouvons plus facilement entrevoir notre avenir à court terme et celui-ci est beaucoup plus inquiétant. Ce qui est important et grave de mon point de vue, c’est que déjà avec l’intelligence artificielle d’aujourd’hui, dite faible, celle des algorithmes et de l’apprentissage automatique, l’emploi est menacé dans des proportions significatives. Le développement des chatbots, des conseillers virtuels et dans un proche avenir de la voiture autonome, peut bouleverser beaucoup de secteurs d’activités. Or notre vision des emplois à risques est beaucoup plus nette que celle des emplois de substitution.

Il est donc urgent de travailler sur le comment repositionner les personnes dont la fonction serait reprise par l’IA. Plus nous nous occuperons rapidement de définir ces nouveaux métiers, plus nous équilibrerons les emplois futurs. Il ne s’agit pas que de métiers techniques comme les data scientists ou les spécialistes du Big Data mais d’un autre type de métiers construits autour de notre dimension humaine, l’affect, l’empathie, la créativité, qui sont la source d’activités professionnelles comme la coordination entre équipes, la vente de produits et de services, l’enseignement, le conseil, le coaching, la communication, la publicité, le design, l’architecture, la mode, le sport, l’art… La liste est longue.

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Dominique Monera est docteur en Finance et titulaire d'un Master II de mathématiques appliquées. Au cours de son parcours comme cadre dirigeant au sein du secteur financier (Etablissement de crédit, banque et assurance), il a créé et dirigé plusieurs équipes d'ingénieurs et mis en place un grand nombre d'algorithmes dans les domaines du risque, du marketing et de la relation client. Il a fondé l'IA ACADEMIE, organisme de conseil et de formation à destination des managers, sur les sujets relevant de l'Intelligence Artificielle. Dominique Monera est l'auteur de « l'Intelligence Artificielle et le Management » paru en mars 2019 aux éditions Eyrolles. 

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