Israël : une économie solide sur fond d’inégalités et pauvreté

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Par OCDE Publié le 1 février 2016 à 10h55
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2,3 %Le PIB d'Israël a augmenté de 2,3 % en 2015 selon les estimations officielles.

L’économie d’Israël repose sur des bases saines, mais le pays doit aborder les questions de productivité, d’inégalité et de pauvreté s’il entend améliorer le niveau de bien-être de sa population et réduire les clivages socioéconomiques, selon la toute dernière Étude économique d’Israël publiée par l’OCDE.

Cette Étude, dont la publication coïncide avec le cinquième anniversaire de l’adhésion d’Israël à l’Organisation, a été présentée aujourd’hui par le Secrétaire général de l’OCDE Angel Gurría au Premier ministre Benjamin Netanyahou, en présence de plusieurs ministres. Selon l’Étude, l’accroissement de la productivité et l’élévation des niveaux de vie passeront par un renforcement de la concurrence et de l’efficience de l’économie nationale. Le rapport de l’OCDE souligne par ailleurs qu’investir davantage dans les infrastructures et améliorer les compétences, en particulier des populations défavorisées, pourraient être facteurs à la fois de cohésion sociale et de croissance à long terme.

L’OCDE publie également aujourd’hui une autre étude sur le bien-être en Israël, intitulée Measuring and Assessing Well-Being in Israel. Ce rapport a vocation à compléter une initiative des autorités israéliennes, dont l’objet est de publier des informations aidant à mieux mesurer les éléments qui importent le plus aux citoyens. Le rapport montre que si Israël obtient de bons résultats et figure parmi les pays les mieux classés de l’OCDE pour ce qui est du bien-être subjectif, de la santé et du niveau d’instruction, ses résultats sont inférieurs à la moyenne de l’OCDE s’agissant de la pauvreté, du logement et de la qualité de l’air. Par ailleurs, les inégalités y sont très marquées, les taux de pauvreté des Arabes israéliens et des Haredim étant supérieurs à la moyenne et leurs taux d’activité et niveaux d’instruction inférieurs à ceux des Juifs laïcs. Tous ces facteurs concourent à des niveaux de capital humain qui sont, dans l’ensemble, nettement inférieurs à la moyenne de l’OCDE.

« Ces deux rapports fournissent à Israël un instantané de l’état de son économie et du bien-être collectif », a déclaré M. Gurría. « Les taux de croissance y sont supérieurs à ceux de la plupart des autres pays de l’OCDE depuis plus d’une dizaine d’années, l’emploi augmente, l’inflation est faible et les finances publiques sont relativement saines. Toutefois, il reste beaucoup à faire si l’on veut que chaque individu de la société israélienne bénéficie des fruits de cette croissance solide » a?t?il ajouté (lire le discours).

Dans l’Étude économique, il est vivement recommandé à Israël de maintenir l’orientation expansionniste actuelle de sa politique monétaire et de mettre en place de nouvelles mesures de protection si les risques pesant sur le système financier augmentent, en particulier du fait du dynamisme du secteur du logement. Israël devrait également réduire son déficit structurel, supprimer les dépenses fiscales inefficaces et relever les taxes environnementales – y compris en instaurant une taxe carbone.

Concernant la réforme des marchés de produits, Israël devrait veiller à ce que l’allégement prévu des formalités réglementaires s’appuie sur des analyses d’impact de la réglementation de bonne qualité, et continuer de réduire les obstacles tarifaires et non tarifaires, notamment en adoptant des procédures internationales normalisées pour la réglementation phytosanitaire des produits alimentaires et agricoles. Le niveau relativement élevé des prix, imputable au manque de concurrence, notamment dans le secteur alimentaire, coûte particulièrement cher, en termes de niveaux de vie, aux populations socio-économiquement défavorisées.

Par ailleurs, il ressort de l’Étude de l’OCDE que le secteur bancaire est concentré et peu efficient. Israël devrait donner suite à ses projets prévoyant l’entrée de nouveaux acteurs dans le secteur des services bancaires aux particuliers, et notamment d’établissements de crédit non bancaires, en l’assortissant d’une réglementation appropriée en matière de protection des consommateurs et de risques financiers.

Pour remédier aux faiblesses d’un marché de l’électricité encore dominé par une entreprise publique verticalement intégrée et lourdement endettée, l’OCDE suggère de transformer la compagnie Israel Electricity Corporation en une société de portefeuille et de créer une entité distincte chargée de gérer les infrastructures. Il est également suggéré de créer des autorités de régulation indépendantes, dotées d’un mandat clairement défini, dans les secteurs des télécommunications, des services postaux et du gaz.

La pauvreté atteint des sommets parmi les personnes âgées, en partie à cause de la faiblesse des pensions de base. Si les taux d’emploi des hommes ultra-orthodoxes (Haredim) et des femmes arabes israéliennes progressent, ils demeurent bas. La hausse des prix du logement constitue une contrainte supplémentaire du point de vue de l’accessibilité, qui s’alourdit même pour la classe moyenne. L’OCDE recommande de rationaliser les obligations administratives à remplir pour la planification et la construction d’un logement, de poursuivre le développement des infrastructures de transports publics pour faciliter l’installation dans les zones où l’immobilier est plus abordable et d’inciter les personnes vivant dans des zones reculées à exercer une activité. Pour lutter contre la pauvreté des personnes âgées, Israël devrait servir des pensions de base plus généreuses sans créer de contre-incitations au travail. D’autres mesures pourraient consister à accroître le financement de l’éducation en faveur des populations défavorisées, à veiller à ce que les écoles haredim enseignent les mathématiques, les sciences et les langues étrangères, à élargir le crédit d’impôt sur les revenus d’activités professionnelles et à développer les politiques actives du marché du travail.

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L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE, en anglais Organisation for Economic Co-operation and Development, OECD) est une organisation internationale d'études économiques, dont les pays membres - des pays développés pour la plupart - ont en commun un système de gouvernement démocratique et une économie de marché. Elle joue essentiellement un rôle d'assemblée consultative. L'OCDE a succédé à l'Organisation européenne de coopération économique (OECE) issue du Plan Marshall et de la Conférence des Seize (Conférence de coopération économique européenne) et qui a existé de 1948 à 1960. Son but était l'établissement d'une organisation permanente chargée en premier lieu d'assurer la mise en oeuvre d'un programme de relèvement commun (le plan Marshall), et, en particulier, d'en superviser la répartition. En 2010, l'OCDE compte 34 pays membres, regroupe plusieurs centaines d,experts dans ses centres de recherche à Paris (le siège est au Château de la Muette) et publie fréquemment des études économiques, analyses, prévisions et recommandations de politique économique et des statistiques, principalement concernant ses pays membres.

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