Santé : les anti-vaccins se rebiffent

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Par Patrick Crasnier Publié le 27 juin 2017 à 5h00
France Sante Vaccins Obligatoires
85 %Pour éradiquer une maladie virale dans un pays il faut atteindre un pourcentage de personnes vaccinées supérieur à 85 %.

C’est une évidence notre pays est une terre propice aux anti-tout, des groupes ou lobbies qui veulent, quelquefois par la force interdire ce qui ne leur plait pas.

Quand il s’agit de sujet comme la corrida, les crèches ou autres traditions c’est déjà limite mais quand ces lobbies s’en prennent à la santé publique, cela devient dramatique.

Depuis quelques jours, ces lobbies anti vaccins aidés bien sur par les caisses de résonnance médiatiques, articles complaisant, émission populistes, tout y passe pour leur donner la parole. La raison de cette recrudescence de hurlements, notre ministre de la santé Agnès BUZYN, médecin, lors d’une interview du 16 Juin a donné l’information qu’elle mettait à l’étude de rendre obligatoire 11 vaccins.

Cela n’a pas trainé, déjà le terme « obligatoire » en France est une mise a feu de tous ceux qui croient que la liberté c’est laisser faire n’importe quoi, en y ajoutant le mot vaccin nous arrivons au comble de la « provocation ». Ici en France ce ne sont pas les vaccins qui déclenchent des réactions allergiques mais les propos des responsables de la santé.

La suspicion et l’opposition envers les vaccins ne fait que croitre en France et cela devient un véritable problème de santé publique. Dans tous les pays du monde on peut constater certaines réticences à la vaccination, les raisons pas toujours claires sont souvent des rites religieux, des croyances mais chez nous en France c’est incomparable on se trouve proche de la phobie collective.

Alors depuis le 16 juin on entend à peu près tout et n’importe quoi. Tout est bon pour tenter de développer les pseudos arguments de ces anti-vaccins puissants. A commencer par la théorie du complot « ce serait la terrible industrie pharmaceutique » qui serait à la manœuvre et qui « forcerait » la ministre à prendre cette décision. Les mots « collusion » « conflits d’intérêt » et même « moralisation » ont poussés comme des champignons. Les médias n’y sont pas étrangers, nombre d’émissions d’interviews construits sur ces arguments ont été programmées, sans tenir compte des arguments médicaux, sans donner la parole à ceux qui ont vraiment quelque chose à dire.

L’argument de l’industrie pharmaceutique ne tient pas pour plusieurs raisons. La première étant que la fabrication de vaccins est très compliquée revient très cher et qu’en France les prix sont très bas. On pourrait reprocher à cette industrie ses ruptures de stock en France pour vendre dans des pays plus rentables mais pas de fomenter des actions en sous main avec les ministères pour vendre plus de vaccins.

L’argument de la décision du conseil d’état, obligeant la France à fournir « seulement » les vaccins obligatoires (trois) plutôt que les composés tétravalents ne tient pas non plus. On peut effectivement regretter cette décision irresponsable du conseil d’état (pilotée par l’idéologie de Touraine) la fabrication de ces vaccins de base avec trois composantes ne se fait plus, l’industrie pharmaceutique ne veut et ne peut pas recommencer ces fabrications sans risque. De plus cette industrie, comme toutes les autres, n’est pas pilotée par le politique mais par d’autres raisons plus scientifiques et plus techniques. Nous avons laissé partir toute notre industrie pharmaceutique Française depuis 30 ans alors qu’elle était en point mondialement, nous sommes maintenant à la merci de groupe étrangers.

Enfin la véritable raison médicale à cette proposition de la ministre de la santé est majeure. De nombreuses maladies virales sont en grande progression du fait du faible taux de vaccination en France. On sait que pour éradiquer une maladie virale dans un pays il faut atteindre un pourcentage de personnes vaccinées supérieur à 85%, nous en sommes loin. De ce fait des maladies comme la rougeole ou la méningite sont en forte progression dans les zones où la vaccination est la plus faible. Rendre ces vaccins obligatoires est donc une décision de santé publique ce qui est totalement le rôle du ministère de la santé.

Un exemple, j’ai interviewé un pédiatre au moment, l’hiver dernier, où de nombreux cas de rougeole (dont les conséquences peuvent être très graves) étaient présents dans sa ville. Sa réponse a été claire : « Ici dans ma patientèle je n’ai aucune cas de rougeole, mes patients sont tous vaccinés » je n’ai pas d’anti vaccins dans patientèle, ils vont ailleurs.

Alors il serait temps de revenir à la raison, quand on voit que des enfants meurent de la rougeole (Italie) que des enfants sont de nouveau atteints de poliomyélite par irresponsabilité de leurs parents, quand on voit enfin que cette population d’anti vaccin profite de la large couverture vaccinale pour se sentir autorisés à ne pas se vacciner.

Le ministère de la santé n’a pas d’autres solutions que de rendre obligatoire ces vaccinations pour protéger (même contre leur gré) toute une population contre des maladies très graves. Les médias devraient aussi prendre toute la dimension de leur responsabilité dans ce développement des épidémies.

On se rappelle de la "une" du Parisien en 1998, à la suite de l'arrêt par Kouchner de la campagne de vaccination obligatoire contre l’hépatite B (mortelle) : "Le vaccin contre l'hépatite B était bien dangereux". Allez rassurer les gens avec ça !

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Patrick Crasnier est diplômé en sciences humaines 3eme cycle en psychopathologie, après de longues années passées en cabinet libéral comme psychanalyste, blessé lors d’un attentat terroriste cesse cette activité en 1995. Continue comme photojournaliste, journaliste radiophonique (activités menées conjointement avec celle de psychanalyste depuis 1983) puis comme journaliste rédacteur au journal Toulousain et à l’écho des entreprises. Actuellement photojournaliste correspondant pour l’agence de presse panoramic et rédacteur dans plusieurs revues.

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