Moody’s n’a finalement pas baissé la note de la France mais doute de sa politique économique

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Par Laure De Charette Modifié le 27 janvier 2014 à 3h48

« Bon élève, mais attention à ne pas vous reposer sur vos lauriers ». C'est en somme ce qu'a écrit l'agence de notation américaine Moody's, l'une des trois grandes, sur le carnet de notes de la France.

AA1 toujours, mais avec perspective négative

Cette nouvelle évaluation –il y en aura deux autres cette année, en mai et en septembre- a été moins pire que prévu : alors que certains experts prédisaient que la France allait être sanctionnée, et baisser d'un cran (de AA1 à AA2), finalement le pays a reçu la même note que lors du dernier contrôle, la deuxième meilleure possible, toutefois assortie d'une « perspective négative », en somme un « moins » en guise d'alerte : si vous ne relevez pas le niveau (c'est-à-dire si les réformes annoncées et nécessaires s'avèrent in fine « ralenties ou diluées », comme le craint Moody's, gare à la punition qui va tomber !). Voilà l'exécutif prévenu.

C'est en partie pour conserver cette bonne note que François Hollande a frappé un grand coup pendant sa conférence de presse de rentrée avec son « Pacte de responsabilité » proposé aux entreprises (moins de charges, plus d'embauches).

Moody's a l'air de lui laisser le bénéfice du doute, l'espace de quelques mois, même si, estime-t-elle, « une quantité importante de détails manquent » sur ce projet. Mais en mai et/ou en septembre, elle se plongera à nouveau dans les comptes.

Et si les économies envisagées (50 milliards d'euros supplémentaires sur trois ans), les baisses de charge annoncées (30 milliards d'euros sur les entreprises, via la fin des cotisations familiales à leur charge), la baisse du chômage prévue (la fameuse inversion de la courbe) et le retour de la croissance du PIB (+0,9% budgeté en 2014) ne sont pas au rendez-vous, la France risque fort de se faire taper sur les doigts. Et de chuter d'un cran, cette fois pour de bon.

No big deal

Malgré tout, il n'y a pas péril en la demeure. D'une part parce que le monde ne compte plus que 10 pays (et l'Europe 3 : l'Allemagne, la Finlande et le Luxembourg) dotés de la notation souveraine maximum (le fameux triple A), qui dès lors perd de son aura. D'autre part, parce que le changement de note a peu d'impact sur les marchés pour la France.

La France continue en effet d'emprunter à des taux très bas, signe que les investisseurs ont toute confiance en sa capacité à rembourser ses emprunts. Le taux moyen pour l'ensemble des emprunts à moyen et long terme s'est établi à 1,54% cette année, un plus bas historique, contre 1,86% en 2012 et 4,15% en moyenne entre 1998-2007.

Récemment, les deux autres agences ont elles aussi rendu leur avis : Fitch a maintenu son AA +, équivalent du AA1 actuel de Moody's ; mais Standard & Poor's a dégradé la France à AA, équivalent d'un AA2 de Moody's auquel la France vient d'échapper.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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