Le moral des ménages au plus bas menace la reprise économique

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 27 novembre 2020 à 9h12
Revenu Universel Crise Sanitaire
65%65% des Français estiment que leur niveau de vie va baisser à l'avenir.

Confinement 1, déconfinement, confinement 2, confinement allégé à partir du 28 novembre 2020… les ménages français n’en peuvent plus. Selon l’Insee, qui a publié le 26 novembre 2020 son indicateur de la confiance des ménages, cette dernière est au plus bas. La morosité ambiante liée à la crise sanitaire, tout à fait compréhensible, pourrait néanmoins mettre en péril l’économie française en 2021 : loin de vouloir dépenser l’argent économisé, ils déclarent qu’il est temps d’économiser encore plus.

Les milliards mis de côté en 2020 ne font pas le bonheur des ménages

L’année 2020, sur le plan de l’épargne des ménages, a été une année record : plus de 30 milliards d’euros déposés sur les livrets défiscalisés selon les données de la Caisse des dépôts et consignations, plus de 80 milliards d’euros économisés tous supports selon les estimations de l’OFCE… Mais, comme preuve du dicton « l’argent ne fait pas le bonheur », leur moral est au plus bas.

Selon les données de l’Insee, le moral des ménages en novembre 2020 chute à 90 points (moyenne de long terme : 100). Le fait d’avoir leurs comptes bancaires renfloués n’aide donc en rien face aux craintes pour l’avenir.

Pire : un tel niveau de morosité est proche de celui de la crise des gilets jaunes (88 points en décembre 2018) et commence à tomber au même niveau de la période post-crise de 2008 lorsque pendant plusieurs années, il était régulièrement sous la barre des 80 points (avec un niveau au plus bas en juin 2013 à 79 points).

Les ménages veulent encore mettre de côté… et c’est une mauvaise nouvelle

Les Français s’inquiètent de leur situation financière future… et pour cause : la France devrait connaître une chute de PIB de 11% en 2020 et faire face à une crise économique mondiale inédite. Par chance, cette crise n’étant pas structurelle comme celle de 2008, il y a un bon espoir qu’elle passe assez vite : la BCE estime qu’il faudra deux à trois ans pour retrouver le niveau économique de fin 2019.

La crise ne sera toutefois de courte haleine que si les ménages consomment, la France étant un pays de services et la consommation représentant la majorité du PIB du pays. Or, justement, les ménages ne semblent pas enclins à consommer : ils s’inquiètent pour leur niveau de vie (65% jugent qu’il va baisser) et veulent agir en conséquence anticipant une inflation qui va augmenter.

Les ménages jugent, selon les données de l’Insee, qu’il faut donc épargner encore plus pour préparer les années à venir qu’ils prévoient difficiles. Pour le gouvernement et l’économie en général, c’est une très mauvaise nouvelle : l’épargne est l’antithèse de la consommation. Si les ménages épargnent, alors ils achètent moins ou attendent d’acheter moins cher. Et une telle décision pourrait ralentir la reprise économique… et transformer une crise censée durer peu de temps en une crise structurelle plus longue.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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