Accords sur l’emploi : de la déontologie syndicale

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Par Gilles Sengès Modifié le 19 janvier 2013 à 8h45

On a suffisamment glosé, à juste titre, sur les relations endogamiques du monde médiatique français avec la classe politique pour ne pas s’interroger, dans la même ligne, sur la persistance des liens de concubinage entre syndicats et partis. Il ne s’agit plus tant, aujourd’hui, de la relation historique entre le Parti communiste et ce qui fut longtemps sa courroie de transmission, la CGT, dont l’actuel secrétaire général, Bernard Thibault, a officiellement quitté le bureau politique en 2001, tout en restant un militant de base du PCF, que de la spectaculaire « lune de miel » qu’entretiennent, ces derniers temps, la CFDT et le pouvoir socialiste depuis l’arrivée de François Hollande à la présidence de la République.

Comment analyser, en effet, au vu des relations sociales passées et à venir, le traitement exceptionnel réservé par l’actuel gouvernement à François Chérèque, l’ancien secrétaire général cédétiste, à qui va être confié le suivi du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté, après ses parachutages successifs à la présidence de Terra Nova, le « think tank » proche du PS, et à l’inspection générale des affaires sociales (Igas) ? D’autant que ce traitement de faveur concerne aussi d’autres anciens dirigeants de la CFDT comme Nicole Notat, Jacky Bontems ou Laurence Laigo qui évoluent, aujourd´hui, dans les allées du pouvoir. En d’autres temps, la majorité socialiste actuelle n’aurait pas manqué de dénoncer une politique de « copinage »…

Certes François Chérèque peut rappeler que, contrairement à son homologue de la CGT, il s’est refusé à toute consigne de vote au premier comme au second tour de l’élection présidentielle de l’an dernier, mais l’impact de ses dernières « promotions » professionnelles va bien au-delà de la polémique proprement politicienne. On touche là au mélange des genres voire à des questions de déontologie. Tout comme les Français sont en droit de s’inquiéter, parfois, de l’objectivité de leurs medias, ils peuvent, aujourd’hui, s’interroger sur l’indépendance de leurs syndicats, censés défendre leurs intérêts. Ce qui explique, sans doute, en grande partie, la désaffection grandissante des salariés lors des élections professionnelles pour des organisations qui n’ont mobilisé que 9% des personnes concernées lors des élections de décembre dernier dans les très petites entreprises (TPE)…

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Ancien rédacteur en chef des Échos, Gilles Sengès a été correspondant en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Espagne.

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