L’or de la banque de France appartient-il à la banque de France ou à la BCE ?

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Par Charles Sannat Modifié le 21 février 2019 à 10h43
Or Valeur Dollar Politique Economique
@shutter - © Economie Matin
2 500La Banque de France dont les réserves d?or sont d?environ 2 500 tonnes ne peut pas s?en séparer ou les utiliser sans le feu vert de la BCE.

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Il ne fait pas bon ces derniers temps de poser des questions sur l’or de la Banque de France, des questions pourtant bien nécessaires aussi dérangeantes soient-elles, et justement parce qu’elles sont dérangeantes!

Il y a quelques jours un article dans le Figaro était consacré aux réserves d’or de la banque centrale italienne la banque d’Italie donc! Je me le suis mis de côté pour plus tard. Une petite friandise conservée bien au chaud dans mes piles de papiers et qui date de l’édition du jeudi 14 février 2019 dans les fameuses pages saumons!

L’idée sous-jacente de cet article et c’est une analyse personnelle, une opinion (mieux vaut préciser puisque certains font semblant de ne pas voir la différence) est qu’il ouvre la possibilité de se poser une question au sujet… des réserves d’or de toutes les banques centrales nationales et par extension évidemment la même question pour la banque centrale qui nous concerne le plus directement à savoir la banque de France.

« C’est la solidité de chaque banque nationale qui fait la solidité de la BCE »

Le raisonnement de la journaliste du Figaro qui a écrit cet article (Valérie Segond) est de dire que dans une union monétaire la souveraineté des uns s’arrête là où commence celle des autres empruntant à la formule consacrée à l’usage de la liberté dans les sociétés dites libres.

Elle a évidemment raison en soi et dans l’absolu.

Mais si cela est véritablement vrai, il y a des implications et celles pour l’Italie qui consistent à dire ou suggérer que l’Italie et son gouvernement ne sont en aucun cas libre d’utiliser l’or italien comme bon leur semble parce que ces réserves permettent d’asseoir la confiance dans la monnaie unique l’euro, devrait aussi s’appliquer à… la banque de France.

Si nous poursuivons ce raisonnement, nous pourrions dire que la Banque de France dont les réserves d’or sont d’environ 2 500 tonnes ne peut pas s’en séparer ou les utiliser sans le feu vert de la BCE.

Si la Banque de France qui fait partie du SEBC le système européen de banques centrales ne peut pas utiliser ses réserves d’or parce qu’elles « garantissent » la confiance dans l’euro émis par la BCE, alors il faut poser la question qui fâche:

La banque de France est-elle encore réellement propriétaire de son or ?

C’est une question, pas une affirmation et encore moins une vérité!!! Mais en ces temps d’élections européennes, on ne peut pas appliquer un raisonnement à l’Italie et pas à la France.

Coté italien d’ailleurs, on veut même faire passer une loi stipulant que l’or appartient aux Italiens et que la banque d’Italie n’en est que la dépositaire… pour en assurer le stockage comme l’explique cet article du site Bloomberg ici… L’objectif c’est de sortir de cette ambiguïté sur qui est le propriétaire de l’or d’un pays, la BCE ou… le pays concerné. Dans un cas comme dans l’autre c’est évidemment très différent et pas du tout la même chose.

Enfin concernant l’idée de dirigeants italiens de vendre de l’or pour « rembourser » les dettes ou financer du « déficit », il n’y a rien de plus stupide économiquement, puisque tous les pays « intelligents » remboursent les dettes en monnaie de singe, une fois l’endettement diminué, et la valeur de la monnaie détruite par la création monétaire, que fait le pays « intelligent » après?

Il émet une nouvelle monnaie dans laquelle personne n’a confiance puisqu’il vient de faire n’importe quoi.

C’est là que les réserves d’or rentrent en jeu pour assurer la « confiance » dans cette nouvelle monnaie.

Le pays stupide que fait-il, lui ?

Il utilise ses réserves d’or pour financer son déficit et ses fins de mois.

Une fois tout vendu à vil prix il ne lui reste plus rien, ce qui est logique.

Enfin, il lui reste ses dettes.

Il est obligé de monétiser et de rembourser en monnaie de singe. Une fois que les imprimantes ont chauffé, il n’y a plus de dettes ou beaucoup moins, la monnaie ne vaut plus rien. Là le gouvernement lance une nouvelle monnaie dans laquelle personne n’a confiance puisqu’il vient de faire n’importe quoi.

Du coup sa nouvelle monnaie ne vaut pas plus que son ancienne et personne n’en veut ni de la vieille de la veille ni de la nouvelle du jour!

Cela ne vous rappelle rien?

Allez, je vous donne un indice, c’est le cas… du Venezuela. Ils tentent tout les pauvres bougres, de l’ancien au nouveau bolivar sans oublier le petro qui est leur crypto monnaie censée avoir de la valeur car elle serait garantie par la valeur du pétrole vénézuélien qu’ils n’arrivent plus à extraire ni à vendre.

Il faut dire que les Américains, toujours aimables « embargottent » à peu près tout ce qui pourrait servir à extraire le pétrole et empêche son commerce.

Que se passe-t-il autour de l’or italien alors ?

En ces temps compliqués je vais donc vous raconter comme je vais devoir en prendre l’habitude (et vous aussi) une petite fable.

La Fédération étoilée jaune sur fond bleue s’opposait à l’arrivée au pouvoir du populiste Pépito Busse-onlamis et de son allié Estrello de Cinco. Après plusieurs semaines de blocages et de menaces et de négociation Pépito et Estrello prennent enfin le pouvoir et forme une coalition.

Mais la Fédération étoilée jaune sur fond bleue est furieuse et commence à mettre des bâtons dans les roues de ces populistes (très dangereux). Du coup, les commissaires de la fédération expliquent à Pépito et Estrello qu’ils ont intérêt à filer droit sinon, la banque fédérale de la gestion des pépettes communes ne leur donnera plus rien et les taux de la péninsule du Pépito vont s’envoler. Si les taux s’envolent, le pays de Pépito sera rapidement en faillite, alors gentil Pépito, gentil Estrello.

C’est à ce moment-là qu’un allié de Pépito se manifeste. Il vient de par de là la grande mer. Il s’appelle Trempe (la grande mer ça mouille, c’est pour cela qu’il est trempé). Trempe et le leader populiste lui aussi d’un grand pays appelé Yankiland. Et Trempe dit à Pépito, t’inquiètes pas Pépito, si la banque fédérale de la gestion des pépettes communes ne veut plus de ta dette, nous l’achèteront à sa place.

Ouf… Pépito pousse un soupir de soulagement.

Mais, pendant ce temps, certains oiseaux de mauvais augure laissent entendre que le Trempe en voudrait aux réserves d’or de Pépito et d’Estrello. En échange de la protection de Yankiland contre la banque fédérale de la gestion des pépettes communes, il faut que Pépito et Estrello se débrouillent pour réussir à faire vendre par la banque de la péninsule une partie de ses réserves d’or. Mais la banque de la péninsule qui n’est plus tout à fait indépendante et qui fait partie du système de la banque fédérale de la gestion des pépettes communes ne l’entend pas ainsi et s’oppose à ce que les piécettes dorées de la péninsule rejoignent les coffres de Yankiland.

Il faut dire que le gouvernement de Yankiland aime bien travailler avec une grande banque appelée PJ Ganmor qui est le grand leader du marché mondial de l’or.

Et c’est ainsi que l’on découvrit que l’or que l’on croyait appartenir à chaque pays servait en réalité à garantir la confiance dans la monnaie émise par la banque fédérale de la gestion des pépettes communes appelée Blaireaux et qui était utilisées par 400 millions de personnes.

C’est tout de même fou comme l’or qui ne sert à rien intéresse tout le monde !

Evidemment, tout ceci n’est qu’une fable, et toute ressemblance avec des personnages réels ou des événements récents seraient purement fortuite.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.