Oui, il est possible de trouver un travail en traversant la rue

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Par Daniel Moinier Modifié le 12 février 2019 à 7h13
Traverser Rue Passage

Cette phrase prononcée en septembre 2018 par le Président Emmanuel Macron a fait le buzz pendant plusieurs mois sur les réseaux sociaux et dans tous les médias et reste encore sur certaines lèvres quand il est question de trouver un emploi.

Effectivement le Président lors des journées du patrimoine, face à un jeune horticulteur chômeur de la Drôme qui l’avait interpellé et qui ne trouvait pas d’emploi, lui retorqua qu’il est aisé de trouver un travail dans les cafés et restaurants de Montparnasse à Paris en traversant la rue. « Vous faites une rue avec tous les cafés et les restaurants, franchement, je suis sûr qu’il y en a un sur deux qui recrute en ce moment ».

De nombreux journalistes ont pris aux mots l’affirmation du Président pour aller se présenter dans ces bars et restaurants. Il avait raison, beaucoup recrutent, mais ils n’embauchent toutefois pas n’importe qui.

En tant que recruteur, j’ai souhaité évoquer des expériences vécues qui peuvent corroborer les dires du Président.

Actions « coup de poing »

En intérim pour trouver des postes, il était courant de faire des actions « coup de poing », c'est-à-dire de choisir par exemple une zone industrielle ou un quartier plein de commerces et sociétés et faire du porte à porte. Cela pouvait représenter 25 à 30 visites dans la journée. Résultat : En moyenne six rencontres très intéressantes (c’est mathématique, loi des probabilité) avec un décideur, dont une commande par jour et 5 à 6 contacts à suivre, plus des informations intéressantes sur des probabilités de recrutements à venir.

Autre expérience, alors que nous avions un jeune commercial qui peinait pour obtenir des rendez-vous au téléphone, je lui propose de l’accompagner pour effectuer des visites sans rendez-vous. Au bout de deux heures, sans commande, alors que nous insistions à l’accueil d’une société pour être reçus, une voix dit : Envoyez ces messieurs dans mon bureau. C’était le directeur, nous sommes ressortis avec un poste de directeur technique.

Autre expérience, alors que je rentrais d’une présentation de candidats et qu’il me restait une demi-heure avant midi, je rentre sur le parking d’une société de vente de matériel électrique. Je repère le nom du PDG sur les places de parking, puis je me dirige vers l’entrée. Un homme grand, distingué, sort, la secrétaire lui crie « bonne route monsieur Dupont ». Je lui dis Bonjour Mr Dupont je suis recruteur spécialiste de recrutements techniques y compris en électricité, etc.. Il me dit je suis pressé, puis réfléchit : « Venez dans mon bureau demain à 9 heures je devrais avoir un poste pour vous. Le lendemain, j’avais un poste d’ingénieur commercial.

Autre expérience très différente, alors qu’il y avait eu de grandes vagues de licenciements notamment de cadres dans la cinquantaine, avec des connaissances nous décidons de créer une association de cadres en temps partagé CTP (Cadres en Temps partagé), organisée avec tous les départements comme une société. Chaque cadre devait effectuer des visites d’entreprises tous les jours sur son secteur sans rendez-vous. Chacun récoltait toutes les demandes de postes et les dirigeait vers les départements concernés qui présentaient les meilleurs candidats. D’un premier site l’organisation est passée à 45 sites et une fédération.

Alors que mon cabinet de « Chasseurs de têtes » tournait en roue libre, j’ai voulu aider quelques candidats motivés ayant des difficultés à trouver un emploi. Nous partions le matin à deux dans une zone industrielle et on laissait la voiture et nous rentrions dans toutes les sociétés les unes après les autres. On obtenait les mêmes résultats que cités en haut : 25/30 visites jour, 6 fois reçus par un dirigeant et souvent un poste à la clé, un ou deux rendez-vous et beaucoup d’infos intéressantes à exploiter.

Conclusion :

Il est donc possible de trouver rapidement un poste à condition d’être motivé, de changer ses habitudes, d’oser et bien sûr d’être « présentable ».

Actuellement avec internet et les réseaux sociaux spécialisés, beaucoup se « reposent » sur ces nouveaux modes de recherche. Ils envoient un maximum de CV, puis attendent. Les sociétés reçoivent donc beaucoup de demandes. Votre CV est vite « enterré » par les suivants qui arrivent et vous pensez : Ils ne recrutent pas et ne répondent même pas, ce qui vous démotive encore plus. (Avec ce type d’envois n’oubliez pas les relances systématiques par téléphone).

Beaucoup deviennent pessimistes en annonçant : « A quoi cela sert de se « défoncer », de chercher, il y a plein de chômage et donc pas d’emploi ». C’est aussi le cas de ceux qui se reposent » sur Pôle Emploi. Ils attendent vainement chez eux qu’un poste leur soit proposé !

C’est encore pire à la campagne, peu de postes existent près de chez soi et presque jamais avec le bon métier. C’est encore pire si l’on ne dispose pas de moyen de locomotion. Les personnes n’ayant jamais eu l’habitude de « bouger » de changer d’entreprise, se sentent frustrées, dépitées et n’arrivent pas mentalement à déménager et en plus, cela a un coût pour elles difficilement compatible avec les bas salaires.

Alors pensez au porte à porte même plus loin de chez vous, vous pouvez être embauché par votre motivation, sans avoir une correspondance exacte de votre CV par rapport au profil demandé. C’est votre présence, votre présentation, motivation qui feront la différence. Des qualités qui ne peuvent se voir sur un papier envoyé.

Voir mon 4ème livre : Le meilleur parcours pour ne jamais être au chômage

www.danielmoinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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