Avec plus de 20,4 millions de réponses collectées auprès de 200 000 personnes, l’enquête "Parlons travail" de la CFDT sur notre rapport au travail fait grand bruit .
Les conditions concrètes de travail (horaires, efforts, environnement,...), le rapport aux collègues et supérieurs, le rapport au travail lui-même, son sens et son utilité, les discriminations, les parcours, les liens entre santé et travail, les jugements sur la place du travail dans la société d’aujourd’hui sont passés en revue.
Ils se disent heureux de travailler (j’aime mon travail 76%)
Cette question du bonheur au travail, très générale, ne permet pas de savoir à quelles dimensions du travail se réfèrent ceux qui répondent : s'agit-il de leur rapport à l'activité (intérêt de la tâche, possibilité d’apprendre, de s’y épanouir, de créer des coopérations et une socialisation, accès à un sentiment d'utilité), ou de leur travail comme statut (rémunération, horaires, carrière, sécurité...)
68 % des répondants disent bénéficier d’entraide avec leurs collègues et 70 % des répondants « rigolent souvent » ou « tout le temps » avec les collègues. L'entraide, comme la bonne ambiance de travail, sont donc des facteurs déterminants pour le bien-être. Aussi simple que ça.
Ils s’estiment suffisamment autonomes
Pour ceux qui travaillent moins de 40 heures par semaine, les horaires sont vivables, leur charge de travail est tolérable et leur permet de concilier leurs vies professionnelle et personnelle.
Pour tous les autres, encaisser les contradictions organisationnelles, courir après le temps, sacrifier la qualité (d'une production, d'une relation, d'une création...), rogner sur les pauses, les soirées, les week-ends et les congés, au profit d'un abattage quantitatif d'objectifs toujours plus « excellents », crée une forte tension corporelle et psychique.
Une tension perçue d’abord comme excitante et qui au fil du temps conduit à l’épuisement.
Le rapport à la hiérarchie reste encore problématique
La moitié des répondants, particulièrement les moins gradés, disent ne pas pouvoir compter sur leur chef pour accomplir leurs tâches. Ces responsables hiérarchiques qui ne connaissent pas le métier et les subtilités des tâches à réaliser, des managers qui doivent surtout mettre en conformité, ou rendre compte de la performance par des indicateurs, sont bien loin des attentes de leurs équipes qui attendent du soutient et de la facilitation.
Le manque de reconnaissance pèse lourd
Le défaut de soutien social au travail est fortement corrélé avec une dégradation perçue de la santé. Plus de la moitié de ceux qui n'ont d'aide ni de leur chef ni de leurs collègues, déclare des douleurs physiques liées au travail ; plus de la moitié aussi fait état d’insomnies.
Ils ne travaillent pas seulement pour l’argent
La grande majorité des sondés (84%) affirme travailler essentiellement pour subvenir à ses besoins, et 61 % arrêteraient de travailler s’ils gagnaient au loto. Prendre du plaisir au travail, en être fier, jouir d'une socialisation conviviale et faire des choses utiles, renforcerait la santé et la « motivation » des travailleurs. Et inversement.
Ceux qui disent prendre du plaisir au travail, que celui-ci les enrichit intellectuellement, qu'ils sont « fiers de dire ce qu'ils font dans la vie », qu’ils ont de bonnes relations avec les collègues et, enfin qu’ils se sentent utiles, déclarent plus fréquemment qu’ils ne travaillent pas que pour l'argent. La volonté de travailler est moins affaire de personnalité, que résultat d'une rencontre avec une situation de travail susceptible d'offrir satisfaction et plaisir.
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Mes réserves sur l'enquête
Toute personne intéressée pouvait répondre, à condition d’être ou d’avoir été en emploi dans sa vie : agent de la fonction publique ou salarié du privé, en CDI, CDD, intérimaire, apprenti ou stagiaire, ou à son compte, chômeur, retraité ou étudiant.
Précisons enfin que les résultats ne concernent que les agents de la fonction publique ou les salariés du privé et qu’ils ont dû être pondérés car 2 répondants sur 5 sont des adhérents du syndicat. Si l’on ajoute que les sondés sont intéressés par la question, ont le temps et les moyens d’y répondre, ça laisse de la marge pour les 1 actif français sur 8 au bord du burnout.