Dans une tribune publiée par le journal l'Opinion ce dimanche 26 octobre 2014, le patronat dans son ensemble en appelle au gouvernement : la loi Hamon et la mise en place du compte pénibilité ne sont pas seulement des mesures « absurdes », mais elles sont carrément « anxiogènes ». Le gouvernement doit donc rapidement les supprimer s'il veut que la France retrouve la compétitivité qu'elle recherche.
Un appel conjoint du patronat
C'est assez rare pour le faire remarquer : le patronat entier a signé cette tribune publiée par l'Opinion : le Medef, bien entendu, mais également la CPGME et l'UPA. Pierre Gattaz (Medef), Jean-François Roubaud (CPGME) et Jean-Pierre Crouzet (UPA) sont donc d'accord sur ce point : il faut que le gouvernement fasse marche arrière.
Et mieux que faire marche arrière, le gouvernement doit avoir une politique cohérente, ce qui n'est pas le cas : « les signaux contradictoires se multiplient ces dernières semaines, rendant au mieux le discours gouvernemental brouillé, au pire accréditant l'idée d'un double langage néfaste à la confiance. »
Car il est là bien sûr question de « confiance » pour les trois présidents des organisations patronales : sans confiance pas de compétitivité, sans compétitivité pas de croissance, sans croissance pas d'emplois ni d'investissements. L'équation, à force de nous la répéter, on l'a comprise ; mais pas le gouvernement, semble-t-il.
Compte pénibilité : « un dispositif kafkaïen »
Fortement critiqué par le patronat depuis sa création, la mise en place du compte pénibilité est le premier sujet sur lequel le gouvernement doit revenir en arrière. Car pour le patronat c'est un « dispositif kafkaïen ». Compliqué, absurde, inapplicable... il contredit la volonté du gouvernement de mettre en place un « choc de simplification ».
Pire : les signataires de la tribune publiée sur l'Opinion estiment qu'il est « loin de toute réalité opérationnelle », « qu'il rajoute des cotisations », que c'est une « mesure anxiogène pour les chefs d'entreprise » et qu'il contredit « les actions de prévention mises en œuvre » pour améliorer les conditions de travail.
Informer les salariés de la cession d'une entreprise : un texte juste mais mal fait
Le deuxième point essentiel sur lequel le patronat veut que le gouvernement prenne un virage à 180 degrés est le texte de la loi Hamon. Cette dernière met en place l'obligation, pour les chefs d'entreprise, d'informer leurs salariés en cas de cession. Encore une fois le gouvernement est loin de la réalité entrepreneuriale... et ce n'est pas étonnant vu que sur 577 députés seuls 18 sont des chefs d'entreprises.
Le patronat ne trouve pas cette obligation d'information injuste, au contraire : « Si personne ne conteste la nécessité d'informer et d'associer les salariés dans les situations de cession », peut-on lire dans la tribune signée par le Medef, l'UPA et la CPGME, le problème est ailleurs : la loi est « inapplicable et anxiogène ».
Sans compter le risque de voir la vente « annulée », sanction possible en cas de non-respect de la législation Hamon, qui « va rajouter de l'incertitude et du stress ».