Retraites : Quand se rendra-t-on compte que le système est dépassé ?

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Par Patrick Crasnier Modifié le 1 mars 2013 à 6h15

Depuis déjà plus de 15 ans, les socialistes ont tout fait pour empêcher que le système des retraites soit réformé. Par calcul politique ? Par démagogie ? Certainement les deux à la fois tant leur électorat est opposé à toute réforme. Cette opposition systématique a mis les Français dans la rue plus d’une fois, élus socialistes en tête pour bien montrer qu’avec eux « ce ne sera pas la même chose ». Pendant ce temps là, l’ancienne majorité a timidement essayé de faire des réformettes. Balladur, Juppé et Fillon s’y sont brulé des doigts, seul François Fillon a pu mettre en place quelque chose de pragmatique mais insuffisant.

Mai 2012 est passé par là, les promesses électorales sont toutes retoquées ou presque tant la réalité s’impose. Malgré tout François Hollande a remis la retraite à 60 ans pour une petite partie de ses électeurs. Mal lui en a pris car c’était compter sans l’Europe qui de nouveau se mêle des affaire de la France en indiquant les lignes de conduite à tenir pour rester dans « le rang. » Il est évident qu’aujourd’hui les socialistes sont au pied du mur, les retraites doivent rapidement et fortement être réformées, sans quoi le système meurt. Plus de 20 milliards de déficit à échéance de 2020 sans parler des retraites complémentaires dont les caisses sont pratiquement en faillite.

Nous commençons donc à entendre des ténors du parti, à commencer par Michel Rocard dire que la durée de cotisation devra augmenter. Pour Michal Rocard rien d’étonnant, il a toujours voulu dire la vérité au Français, les plus durs du PS l’en ont toujours empêché. Ce qui est plus étonnant c’est d’entendre Henri Emmanuelli, solide opposant à toute réforme venant de « la droite » dire la même chose à l’unisson de notre ministre du budget qui lui est bien obligé de faire avec cette réalité. Des voix donc qui disent exactement le contraire de ce qu’elles affirmaient il y a moins de deux ans, ils auront du mal à convaincre.

A coté de la politique, qu’en est-il exactement, pour le Medef et les autres organisations patronales ? Tous savent que le système est à bout de souffle, que des mesures drastiques s’imposent d’urgence car plus personne ne pourra payer d’ici quelques années. La raisons principale étant qu’un système par répartition, qui fait la part belle à la solidarité ne peut plus fonctionner quand il y a plus de retraités que d’actifs. Faire payer les retraites par ceux qui travaillent peut marcher si beaucoup travaillent et surtout si ceux qui touchent ne passent pas 30 ans ou plus en retraite. Imaginez le système Madoff, ou ceux qui arrivaient pour placer leur argent payaient les intérêts à ceux qui voulaient sortir, nous sommes à peu près dans le même cas de figure. Quand tout le monde à voulu sortir le système s’est écroulé, il en sera de même pour les retraites si nous continuons sur ce rythme. Certains directeurs de caisse complémentaires comme celui de la caisse des médecins se sont exprimés dans ce sens.

Faire autrement paraît impossible tant le système par répartition est idéologique, panacher avec de la capitalisation serait une opportunité pour ceux qui entrent maintenant, pour les autres la catastrophe est proche. Une des données du problème qui va rendre les choses encore plus difficiles c’est la faculté que tout Français a de choisir son système d’assurance (maladie et retraite) les accords de Maastricht ne sont appliqués par la France qu’en trainant les pieds, mais ce sont plus de 10 000 indépendants qui ont quitté les systèmes sociaux Français et leur charges insoutenables depuis fin 2012, cela ne fait que commencer. Le jour où il ne restera plus que des « ayants droit » sans cotisants plus rien de pourra fonctionner, ce sera la conséquence d’un système qui demande toujours plus aux entreprises, aux salariés, aux professions indépendants, et qui redistribue en priorité à ceux qui ne participent en rien au système. Cela pouvait marcher dans l’euphorie de l’après guerre et du plein emploi, ce n’est plus le cas maintenant.

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Patrick Crasnier est diplômé en sciences humaines 3eme cycle en psychopathologie, après de longues années passées en cabinet libéral comme psychanalyste, blessé lors d’un attentat terroriste cesse cette activité en 1995. Continue comme photojournaliste, journaliste radiophonique (activités menées conjointement avec celle de psychanalyste depuis 1983) puis comme journaliste rédacteur au journal Toulousain et à l’écho des entreprises. Actuellement photojournaliste correspondant pour l’agence de presse panoramic et rédacteur dans plusieurs revues.

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