Agences de notation : la Grande-Bretagne aussi perd son triple A

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Par Laure De Charette Modifié le 25 février 2013 à 1h44

Que les sujets de Sa Majesté se rassurent, les Etats-Unis, la France et bien d'autres pays sont déjà passés par là. La Grande-Bretagne a vu vendredi soir sa note dégradée d'un cran, du fameux triple A à un petit Aa1, mention « perspective stable » tout de même, par une des trois grandes agences de notation, Moody's. So what ?

Cela signifie que l'agence estime que les comptes britanniques sont dans le rouge et qu'ils vont le rester un petit moment. La dette, qui devrait encore se creuser cette année pour atteindre 93,3% du PIB, ne devrait commencer à baisser qu'après 2016 (pour comparaison, en France, la dette devrait frôler les 90% du PIB cette année). Et l'absence de vigueur de l'économie devrait se prolonger durant « la deuxième moitié de la décennie ». Il est vrai que l'économie a du mal à repartir outre-Manche : si la croissance s'avère à nouveau atone au premier trimestre 2013, le pays accusera une troisième récession depuis le début de la crise financière en 2008.

Cette décision est une véritable douche froide pour la politique menée par David Cameron, le Premier ministre britannique, et par son gouvernement conservateur. Ils ont en effet entraîné le pays dans une véritable politique d'austérité, jurant qu'ainsi, il le sortirait de l'ornière. Presque aucune catégorie sociale n'est épargnée par la rigueur : les bénéficiaires de prestations sociales, les riches, les parents seuls, bientôt les retraités. Tous doivent se serrer la ceinture.

« Cela prend du temps, mais l'économie britannique guérit » a assuré récemment George Osborne, le Chancelier de l'Echiquier, c'est-à-dire le ministre des Finances anglais, provoquant aussitôt des éclats de rire dans les rangs de l'opposition au Parlement. En décembre, il a dû reconnaître que faute de résultats suffisants, la cure d'austérité serait prolongée d'un an, jusqu'en 2018.

Mais l'opposition les accuse de « saigner le malade comme le faisaient les médecins au XVIIIème siècle », et d'affaiblir l'économie au lieu de la redynamiser. Il y a tout juste un mois, le FMI recommandait au gouvernement de David Cameron de tempérer son programme de rigueur en préconisant « un assainissement budgétaire plus lent ». La décision de Moody's semble donc donner raison aux Travaillistes.

Reste que l'impact sur les marchés de la perte de ce triple A, une première depuis 1978, devrait rester limité.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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