L’inflation, qui a atteint des niveaux record depuis plusieurs dizaines d’années en Europe (+4,5% en France, +7,2% en Allemagne et même +9,7% en Espagne), est soutenue entre autres par les prix de l’énergie qui ont explosé depuis le quatrième trimestre 2021 et, surtout, depuis la guerre en Ukraine. Le pétrole est donc devenu stratégique pour contenir la hausse des prix…
L’Opep+ ne veut pas augmenter la production de pétrole brut
Outre la hausse de la demande de brut et la guerre en Ukraine, paramètres sur lesquels il est difficile d’intervenir rapidement, le prix élevé du pétrole (plus de 100 dollars le baril avec un pic à 129 dollars le 8 mars 2022) est artificiellement soutenu par l’Opep+. Le Cartel de l’Or noir et ses alliés, dont fait partie la Russie, avait baissé sa production au moment de la crise sanitaire de la Covid-19 face à une chute historique du cours. Mais, depuis, la production de brut n’a pas retrouvé un niveau pré-pandémique.
L’offre sur les marchés est donc inférieure, en mars 2022, à celle qu’elle était en décembre 2019… ce qui fait artificiellement augmenter le prix, la demande étant supérieure à l’offre. Les pays occidentaux, qui subissent de plein fouet la hausse des cours du pétrole brut, n’ont donc de cesse de demander aux pays producteurs d’augmenter la production pour faire baisser les prix.
L’influence de la Russie sur l’Opep+ se fait sentir
Malheureusement pour l’Occident, la Russie, qui a été mise au ban à la suite de son invasion en Ukraine, semble bien avoir l’intention d’utiliser sa présence au sein de l’Opep+ pour peser sur la situation. Ainsi, lors de la dernière réunion des pays membres du Cartel de l’Or noir, jeudi 31 mars 2022, aucune évolution majeure n’a été annoncée.
L’Opep+ a tout juste accepté d’augmenter sa production de brut de 432.000 barils de pétrole supplémentaires pour le mois de mai 2022, soit 32.000 barils de plus que prévu dans le cadre de son plan d'augmentation progressive de la production. Insuffisant pour qu’en Bourse les prix chutent.
Les États-Unis vont puiser dans leurs réserves
Si la stratégie de l’Opep+ était celle de maintenir la pression, et de se remplir les poches en passant grâce à des prix du pétrole brut maintenus artificiellement élevés, les États-Unis ne le voient pas d’un bon oeil.
Ainsi, dans un communiqué publié le 31 mars 2022, l’administration de Joe Biden a déclaré qu’elle allait augmenter sa propre production de pétrole. Et ça commence rapidement puisque 1 million de barils de pétrole par jour seront puisés chaque jour pendant six mois dans les réserves stratégiques du pays. C’est du jamais vu.
L’effet, en Bourse, a été immédiat : le cours du baril de brut a chuté de près de 5% à la suite des annonces de la Maison Blanche, retombant sous les 110 dollars. Mais la situation ne pourra pas durer éternellement : les réserves stratégiques de pétrole des États-Unis, d’une capacité maximale de 714 millions de barils, ne contiennent que 568 millions de baril fin mars 2022, soit moins de deux ans au rythme annoncé par Joe Biden.