La Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet) a dévoilé, le 2 décembre 2020, une nouvelle étude sur l’impact économique du piratage de films et séries sur le secteur audiovisuel. On y découvre que le coût du piratage est élevé… mais que la principale raison de ce dernier se trouve dans le prix des abonnements.
Plus d’un milliard d’euros de manque à gagner
Chargée de faire respecter la loi et d’éviter le piratage, la Hadopi ne semble pas en mesure d’endiguer le problème : si elle a réussi à réduire l’utilisation des réseaux de Peer-2-Peer, comme Bittorrent et Emule, les internautes ont trouvé bien d’autres manières de pirater leurs films et leurs séries. En 2019, selon le rapport publié par Hadopi, 11 millions d’internautes piratent un produit audiovisuel chaque mois en France, soit environ 20% de la population. La majorité des pirates (52%) utilise du streaming, 23% du téléchargement direct, 21% le code d'accès d'un tiers à un service payant...
Le coût, pour le secteur, est énorme : 1,03 milliard d’euros de chiffre d’affaires perdus en 2019 pour les secteurs de l’audiovisuel et du sport (le piratage des émissions sportives étant en pleine croissance). Un telle somme, estime la Hadopi, représente 332 millions d’euros de recettes de perdues pour l’État et 2.650 emplois de détruits. Du moins, en supposant que l’ensemble des internautes qui piratent regardent finalement via une offre légale et payante les mêmes émissions, ce qui risque fort de ne jamais être la réalité… à cause du prix des abonnements.
Les offres légales sont trop chères et incomplètes
Si le piratage du sport est en hausse (+65% en 2019), il reste minoritaire : seulement 1,78 million de personnes piratent des émissions sportives chaque mois, soit moins de 20% de l’ensemble des pirates français. Ce sont bien les séries et les films qui attirent toutes les attentions.
Interrogés sur ce qui les pousse à pirater, les Français ont une réponse claire : le prix. 43% des sondés estiment que le prix des abonnements est trop élevé, 37% disent la même chose pour un achat à l’unité. Suivent, dans les raisons, la difficulté à trouver dans le catalogue des oeuvres légales l’oeuvre recherchée (26%) et le fait que l’offre légale soit limitée (25%).
Cette question du prix peut paraître étrange, notamment lorsqu’on remarque les prix affichés par les services de VOD tels que Netflix ou Amazon Prime, disponibles pour moins de 10 euros. Mais c’est la multiplication des plateformes qui donne l’impression de « trop cher » : les pirates déclarent être prêts à mettre entre 10 et 15 euros par mois dans des abonnements, alors qu’il leur faudra dépenser plus de 50 euros par mois pour avoir accès à la majorité de l’offre légale disponible en France.
D’ailleurs, Hadopi souligne que « compte tenu de l’évolution du paysage audiovisuel et de la multiplication des différents services, la consommation illicite des internautes pourrait connaître de nouvelles augmentations dans les mois et années à venir ».