Dimanche : un jour pas comme les autres

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Par Francois Bouchard Publié le 5 octobre 2013 à 4h00

Le droit français rend obligatoire un repos hebdomadaire d’au moins 24 heures et le code du travail précise que, dans l’intérêt du salarié, ce repos hebdomadaire est accordé le dimanche.

De nombreuses dérogations sont cependant accordées. Permanentes pour les entreprises soumises à des contraintes de production ou les services répondant à un besoin du public comme le tourisme, la culture ou l’alimentation immédiate, conventionnelles dans le cadre d’un accord collectif pour un objectif de production particulière, ou exceptionnelles pour répondre avec l’accord des autorités publiques à une situation particulière, ces dérogations couvrent largement les besoins de souplesse raisonnablement recensés, sans remettre en cause le principe fondamental.

En Alsace-Moselle, le droit local issu de la loi d’Empire du 26 juillet 1900 se traduit, dans le code du travail, par une interdiction quasi-générale pour un employeur de faire travailler les salariés le dimanche.
Pour le commerce, les exceptions existent mais sont limitées aux besoins du public et aux situations exceptionnelles, et sont très facilement contestées. Enfin, il faut noter que le Conseil constitutionnel, par décision du 5 août 2011, répondant à une QPC, a confirmé la constitutionnalité du droit local d’Alsace- Moselle concernant le repos dominical.

Aujourd’hui, des entreprises de la grande distribution essaient par tous les moyens d’élargir et de banaliser l’ouverture des commerces le dimanche et se heurtent à des décisions de justice qui répondent à des recours déposés par des enseignes plus petites, s’estimant lésées par une rupture d’égalité. Le président du Medef est lui-même monté au créneau pour dénoncer la pénalisation des clients, la limitation du chiffre d’affaires des entreprises et la perte de nouveaux emplois potentiels.

Seules les grandes enseignes sont favorables à l'ouverture le dimanche, au détriment des petits commerces

Face à ce sujet qui divise la classe politique de droite, comme celle de gauche, et qui peut se prêter à toutes les démagogies, il convient de rester à la fois rationnel sur les conséquences économiques des décisions prises, et cohérent sur les bases de l’organisation de notre vie en société et sur nos principes chrétiens qui nous rappellent que l’homme doit en rester le centre. L’analyse rationnelle permet de montrer très facilement que les ouvertures banalisées le dimanche ne font que reporter des consommations par rapport à d’autres jours de la semaine, sans réelles augmentations ou alors sur des produits en grande majorité importées financés le plus souvent par du surendettement irresponsable.

Par ailleurs, et les recours le montrent, les volontés d’ouverture sont bien souvent le fait de grandes enseignes voulant pousser leur avantage au détriment de commerces plus petits. Enfin, il est notoire qu’au-delà d’effets d’aubaine pour certains salariés, la banalisation du travail du dimanche conduirait à une banalisation de la rémunération. S’il est un point que notre société a su conserver de ses racines chrétiennes, c’est le principe du repos dominical, en le traduisant par la loi dans le code du travail. Son abandon progressif serait à coup sûr une régression pour notre société.

Le dimanche, jour pour la famille, le sport, la culture

En effet, et indépendamment des pratiques religieuses des uns ou des autres, quel autre jour permettra le rassemblement familial, les rencontres sportives et culturelles, les activités associatives et bénévoles, si importantes pour la solidarité collective ? Le dimanche, qui nous laisse à tous des souvenirs d’enfance émouvants et fondateurs, ne doit pas être banalisé pour des objectifs économiques pour le moins contestables et avec des risques de conséquences humaines graves.

Comme disait un slogan des églises protestantes d’Alsace-Moselle : « Ohne Sonntag, gibt es nur noch Werktage » [NDLR : Sans dimanche, il ne reste plus que des jours de travail]. L’Alsace, avec son droit local plus contraignant, n’est pas autant pénalisée dans son niveau de consommation et pourrait, comme dans d’autres domaines, servir d’exemple à notre pays.

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François Bouchard, directeur général des services de la Région Alsace, responsable des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens en Alsace.   François Bouchard, 57 ans, ancien élève ingénieur général des Ponts et Chaussées a commencé sa carrière dans la construction et les infrastructures de transports puis a été DDE de la Haute-Loire, conseiller technique du ministre Bernard Bosson, directeur général de l’Etablissement public d’aménagement de la ville nouvelle de Cergy-Pontoise, directeur régional de l’équipement d’Alsace et du Bas-Rhin, directeur général des Services de la ville et de la communauté urbaine de Strasbourg. Marié et père de six enfants, il est membre des EDC depuis plus de vingt ans. 

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