Vous avez dit Union euh…ropéenne ?

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Par Charles Sannat Modifié le 9 juillet 2012 à 15h59

Le Président François Hollande à Reims, lors des célébrations du 50e anniversaire de la réconciliation franco-allemande scellée dans la cathédrale de cette ville le 8 juillet 1962 par le général de Gaulle et le Chancelier chrétien-démocrate Konrad Adenauer, a déclaré que « l’Union européenne traverse une épreuve qui peut être l’occasion d’un nouveau départ ».

Angela Merkel, la Chancelière allemande a précisé, quant à elle, que « l’Europe, c’est bien plus qu’une monnaie ; et la relation franco allemande est incontournable à cet égard, elle a marqué très fortement l’unification européenne qu’elle a fait progresser ».

Bien que cette rencontre n’ait en aucun cas un objectif économique, dans le contexte actuel de tension franco-allemande, elle revêt néanmoins une symbolique toute particulière.

Comme le dit Madame Merkel, l’Europe c’est bien plus qu’une monnaie. On pourrait sans doute préciser sa pensée en affrmant que l’Europe ce n’est pas qu’une monnaie, et nous pourrions même extrapoler sur le fait que l’Europe sans monnaie unique serait tout de même l’Europe. C’est d’ailleurs déjà en partie le cas dans la mesure où la zone euro se compose seulement de 17 pays membres.

François Hollande à demi-mot confirme bien cet état de fait en reconnaissant que l’Europe traverse une épreuve, qui "peut" être un nouveau départ, ce qui sous-entend que cela est loin d’être sûr. Le poids des mots et le choc des photos !!

L’euro c’est fini

Au même moment, le conseil des experts économiques du gouvernement allemand évoque pour la première fois le risque « d’une crise systémique, qui menace la survie de la monnaie commune et la stabilité économique de l’Allemagne. » Ce Conseil des « 5 sages » est très écouté en Allemagne aussi bien par les politiques que par les médias.

Au même moment en Finlande, lors d’une déclaration fracassante qui a reçu très peu d’écho chez nous (c’est le moins que l’on puisse dire), la ministre finlandaise des Finances en personne, Mme Jutta Urpilainen, a annoncé dans le quotidien financier Kauppalehti, que « la Finlande ne s’accrochera pas à l’euro à n’importe quel prix et nous sommes prêts à tous les scénarios, y compris à abandonner la monnaie commune européenne ».

Et que « la responsabilité collective pour les dettes et les risques d’autres pays n’est pas ce à quoi nous devons nous préparer. Nous sommes constructifs et nous voulons résoudre la crise, mais pas à n’importe quelles conditions ».

Je rappelle que la Finlande est l’un des derniers pays de la zone euro à bénéficier d’une note de crédit triple A et d’une santé financière convenable.

Au même moment, les marchés soudainement redevenus sceptiques semblent vouloir entamer une belle marche arrière après avoir monté bêtement sur le pseudo succès du dernier sommet de la dernière chance qui n’a rien sauvé du tout comme nous avions pu déjà le dire et le montrer dans ces colonnes.

La crise économique s’amplifie

Les statistiques du chômage aux Etats-Unis ne sont pas bonnes… Quelle surprise, n’est-ce pas?

Au même moment, en France, les annonces de plans de licenciements (mises sous le tapis lors de la campagne pour les élections présidentielles) refont surface. Les annonces s’enchaînent. Mais rassurez-vous, grâce au politiquement économiquement correct en vigueur dans notre pays, nos futurs chômeurs auront la joie et l’immense bonheur de BENEFICIER d’un « plan de sauvegarde de l’emploi »… ce qui ne s’invente pas lorsque l’on parle de licenciement.

Au même moment, on nous prend pour des benêts béats en nous disant qu’il n’est pas question d’une TVA sociale, la TVA sociale est un gros mot, par contre, une CSG « sociale» serait dans les tuyaux avec un transfert massif des charges patronales vers la CSG. Pourquoi pas ? Mais vous en conviendrez, cela ressemble bigrement à l’idée de TVA sociale, car peu importe l’assiette fiscale. Sauf qu’avec la CSG, l’honneur est sauf, et cela ne pèsera pas sur le consommateur mais plutôt sur l’épargnant et le petit rentier. Bref, avant tout, les classes moyennes. La « Taxapocalypse » va se poursuivre avec une régularité de métronome.

Au même moment, d’après certaines rumeurs de plus en plus insistantes, les banques souhaiteraient que l’or rentre dans les fonds propres « durs » (le core tiers one)… C’est vrai que cela pourrait s’avérer bien plus pratique dans les années qui viennent entre risque d’explosion monétaire pour l’euro et d’érosion monétaire pour la livre sterling ou le dollar américain par exemple. Nous ne parlerons même pas du Japon qui, avec 250% de dettes sur PIB, a dépassé depuis bien longtemps le point de non retour, sans oublier le risque souverain qui ne fait plus des obligations d’Etats le refuge sans risque que pouvaient chercher les banques. Alors que reste-t-il quand tout va, quand tout s’en va? Il ne reste plus que l’or et éventuellement l’argent. Mais attention, l’or est la monnaie, pas l’argent qui de tout temps a été la monnaie du pauvre.

Au même moment Mario Monti, le Premier Ministre non démocratiquement désigné d’office en Italie, a expliqué de façon assez dure que « des déclarations inappropriées de telle ou telle autorité politique d’Etats membres nordiques visant, ou en tout cas ayant l’effet, de réduire la crédibilité de ce que le Conseil européen a établi à l’unanimité ».

Puis il a déploré que l’on puisse « défaire unilatéralement ce qu’on fait et qu’on bâtit avec beaucoup de fatigue commune conjointement ». Si « la Finlande et les Pays-Bas ».

Il doit sans doute faire allusion au fait que les « fins-Landais » envisage de sortir de l’euro mais sans le dire des fois que vous seriez au courant… vu qu’on ne veut pas vous le dire !!

Alors cette fin de semaine et ce début de week-end sont particulièrement riches en nouvelles qui nous permettent de craindre que le moment où le divorce européen devra être constaté approche.

Le temps qu’il vous reste

Je vous conseille de ne pas partir trop loin en vacances cette année, au rythme où ça va, on pourrait ne même pas atteindre le mois d’août pour notre rendez-vous annuel du psychodrame boursier de l’été.

Restez branché… enfin si Orange veut bien nous permettre de continuer à téléphoner…

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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