Santé : les médecins vont commencer à percevoir des primes de performance

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Par Laure De Charette Modifié le 12 avril 2013 à 4h48

Sans surprise, la carotte fonctionne bien ! Les médecins qui ont prouvé qu'ils améliorent depuis un an la prévention de certaines maladies et le suivi de leurs patients et qu'ils contribuent à la maîtrise des dépenses de santé vont recevoir à partir de cette semaine un chèque de l'Assurance Maladie. Ce système s'appelle le paiement à la performance, une sorte d'intéressement pour travail bien fait, et il a été instauré le 1er janvier 2012, comme le soulignent Les Echos. En somme, les médecins vont gagner plus en partie parce qu'ils ont fait dépenser moins !

En un an seulement, les praticiens ont réalisé leurs objectifs à 50 % en moyenne. 75 400 médecins installés en cabinet vont donc percevoir ce complément de revenus en récompense de leurs efforts. Prenons un généraliste : chaque année, il gagne en moyenne 71 320 euros net, soit près de 6 000 euros par mois. Or ce nouveau « bonus » représente en moyenne 5 365 euros, soit presque l'équivalent d'un treizième mois.

Si l'on peut regretter que les médecins aient attendu la promesse d'un chèque pour améliorer par exemple le suivi du diabète, élaborer un dossier médical informatisé permettant de mieux suivre leurs patients ou pour prescrire moins d'antibiotiques et moins de tranquillisants aux personnes âgées, ce système a permis dans les faits d'obtenir ces améliorations notoires.

Aux Etats-Unis, un dispositif en partie similaire existe déjà : le « P4P » (« Pay for Performance ») valorise notamment le recours aux nouvelles technologies de l'information (prescription électronique, procédure de rappels des patients), la rapidité d'accueil des patients atteints de pathologies cardiaques, le temps consacré au dépistage et à la prévention (nombre de mammographies réalisées, de vaccinations ROR chez l'enfant, de conseils relatifs à l'arrêt du tabac). Et même la satisfaction du malade (délai de rendez-vous, accès à un spécialiste, communication avec le médecin) !

Reste qu'en France, ce système a un coût : près de 282 millions d'euros par an. Or à l'heure du déficit croissant de la Sécurité Sociale, verser une prime à des médecins aux revenus déjà élevés risque de faire encore couler pas mal d'encre. Gageons qu'in fine, un meilleur suivi sanitaire ainsi que le dépistage précoce de certaines maladies permettront de mieux soigner les gens, et par là-même de baisser les coûts pour la Sécu !

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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