Quelles solutions face au gâchis de la mauvaise orientation scolaire ?

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Par Thierry Debarnot Publié le 24 février 2017 à 5h00
France Admissions Post Bac Crise Systeme
40 %A peine 40 % des étudiants de première année poursuivent leurs études après une première année de licence.

Alors que les élections présidentielles approchent à grands pas et que des milliers de lycéens et de parents angoissent autour des Admissions Post-Bac (APB), il n’est pas étonnant de voir les débats sur la transition lycée-enseignement supérieur et sur la réforme du Baccalauréat se multiplier.

L’étude publiée par France Stratégie le 12 janvier dernier, a le mérite d’impulser des propositions concrètes à ces interrogations aussi politiquement sensibles que socialement majeures. Le constat est clair : près de 4 étudiants sur 10 se réorientent après la 1ère année d’étude supérieure. A peine 40% poursuivent leurs études après une 1ère année de licence. Les chiffres sont encore plus édifiants pour les bacheliers professionnels : 84% abandonnent leur cursus initial de licence au bout d’un ou deux ans, contre 32% pour les bacheliers généraux.

Comment limiter ces risques de décrochage dans les premières années d’études supérieures ? Comment lutter contre ce taux d’échec et de réorientation ? Il est grand temps de porter une attention particulière à ce défaut d’appariement entre le lycée et l’enseignement supérieur.

Les premiers efforts doivent se faire bien en amont de l’échéance post-bac. APB n’est qu’un outil qui ne règle pas la question de fond de l’orientation scolaire. Les difficultés d’orientation des étudiants s’expliquent avant tout par une surinformation des choix qui s’offrent à eux. Il est indispensable de repenser l’information et l’aide à la décision auprès des lycéens.

La proposition de France Stratégie de « construire une plateforme d’information en s’appuyant sur les dispositifs APB et l’offre Onisep, avec des informations transparentes et exhaustives sur les formations, les procédures d’affectation, les chances de réussite selon les filières et les perspectives d’insertions professionnelles selon les diplômes » est pertinente mais pas suffisante. Il faut multiplier les points de contacts entre collégiens, lycéens et étudiants post-bac d’une part et professionnels d’autre part. Ce partage d’expériences contribue à fluidifier les échanges entre générations et à faire naître des vocations.

Au-delà des échanges, l’orientation scolaire a grand besoin d’être marquetée ! Il faut lui injecter une dose de plaisir car engager la génération Z, impatiente et volatile, n’est pas chose aisée. Comme toute cible, il est crucial de prendre en considération ses exigences et s’efforcer de coller à ses modes de consommation et à ses aspirations. 5 éléments clés me semblent indispensables à toutes stratégies d’approche de la Génération Z : l’interactivité, la personnalisation, l’authenticité, la créativité et le fun.

Réunir ces 5 dimensions dans des événements dédiés à l’orientation des lycéens aidera à concerner les jeunes et à mieux les informer. Dépoussiérer les salons étudiants classiques, créer de nouveaux lieux de réflexion sont autant d’idées qui peuvent trouver leur place dans la proposition de France Stratégie de créer des parcours intégrés entre le lycée et l’enseignement supérieur. Je pense ici aux « enseignements modulaires » proposés avant et après le baccalauréat pour « permettre aux étudiants de construire à la carte leur parcours de formation, en fonction de leurs aspirations et des compétences qu’ils acquièrent et certifient au fil des modules suivis ». Ces enseignements modulaires sont l’occasion de se faire rencontrer, échanger et travailler ensemble un jeune et un professionnel.

Le facteur humain ne doit pas non plus être négligé. Les échanges in real life valent toutes les heures passées à digérer des informations sur une plateforme numérique. Paradoxe de la génération Z : elle n’a jamais été aussi connectée et pourtant elle n’a jamais autant sollicité des échanges humains. Certains acteurs l’ont bien compris et mettent en relation les collégiens, les lycéens, les professionnels et les étudiants post-bac tout en respectant les principes de proximité, de personnalisation et d’écoute sincère et authentique. On citera les initiatives menées par Job IRL, l’association Inspire qui fait se rencontrer des étudiants éclaireurs et des lycéens, les salons SMILE ou encore les salons 24h de l’Orientation organisés par digiSchool.

Il reste à donner à ces actions la place qu’elles méritent dans le paysage actuel de l’orientation scolaire. L’amélioration de la réussite des étudiants dans les études supérieures est, à n’en pas douter, un enjeu fondamental pour la décennie à venir. L’urgence est posée.

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Thierry Debarnot, Cofondateur de digiSchool

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