Un prérequis à la relance de la France : regagner la confiance

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Par Jacques Martineau Publié le 28 octobre 2014 à 4h13

Regagner la confiance est au centre du débat. L'enjeu est de taille et pourtant c'est possible. Un constat : la plupart des indicateurs habituels, la situation économique en France et loin d'être encourageante. Chômage en hausse, déficit stationnaire, commerce extérieur malade, croissance nulle, les chiffres ne sont pas encourageants.

L'environnement européen, lui non plus, n'est pas au mieux et les comparatifs abusifs avec nos partenaires d'Outre-Rhin sont excessifs tout comme le sont aussi les abus d'une Commission de Bruxelles sortante, toujours en dehors de la réalité. L'UE continue à montrer son incapacité à réagir. C'est l'attentisme perpétuel sous les regards des uns et des autres dans l'incapacité d'agir. Ce qui pour Club Espace 21 n'est pas une surprise...

La défiance des Français à l'égard de leurs dirigeants

Cette défiance est massive et indifférenciée quels que soient les thèmes. A noter que 85% de celle-ci se situe sur la capacité de lutter contre le chômage, 84% sur l'amélioration de la croissance et 82% sur la réduction des déficits. Plus préoccupant encore, la défiance est majoritaire à gauche.

De mémoire de sondeurs, c'est du jamais vu. La défiance des Français envers le gouvernement bat lui aussi tous les records. Interrogé par l'Ifop pour « Le Journal du Dimanche », les Français n'ont pas confiance dans la capacité du gouvernement à retourner la situation économique. Seuls 18% d'entre eux estiment que l'exécutif peut réduire les déficits publics, 16% améliorer la croissance économique et seulement 15% inverser la courbe des chiffres du chômage. « C'est une défiance à la fois massive et indifférenciée. Cela symbolise le rejet de l'exécutif alors même que la tonalité du discours a pourtant changé », relève Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop pour le JDD.

Quelques rappels chiffrés plutôt inquiétants...

Les premiers chiffres provisoires sont tombés. La France stagne depuis le début janvier. Deux trimestres consécutifs avec un taux de croissance à 0%. La prévision du déficit public est estimée à 4,4%. Le déficit du commerce extérieur se situe à 29,2 Md€. L'Allemagne en recul brusque avec un -0,2%, tandis que l'Italie entre à nouveau en récession. Ne parlons pas du 0,6% de l'Espagne que l'on monte en épingle avec un taux de chômage supérieur à 25% et à 55% pour les jeunes ! Avec un taux d'inflation inférieur à 0,5%, voilà que l'on parle de déflation.

De toutes les façons, la BCE se devra d'intervenir pour éviter que la récession gagne du terrain dans un régime européen déflationniste. L'UE se devrait d'encourager et de mettre en place des programmes de développement et de modernisation interactifs. Austérité et rigueur n'ont plus de sens dans cet environnement récessif. La technocratie européenne à Bruxelles est à l'image des résultats : incapable. Est-elle incapable parce qu'elle est bloquée ou est-elle bloquée parce qu'elle est incapable ou les deux ?

Comment parvenir à se mettre en situation de retrouver le chemin de la croissance dans son acception la plus large ? Il existe une multitude de synonymes du mot croissance. Parmi eux, on peut citer accroissement, développement, expansion et hausse, ou encore se référer aux notions d'évolution et de progrès. Plus nuancés, ces derniers synonymes cadrent mieux avec le souci de réussite que les Français pourraient être en mesure d'espérer. L'objectif consiste à trouver les ingrédients nécessaires, comme la stimulation de l'activité, pour parvenir à favoriser cette évolution et ce progrès dans un contexte environnemental et un monde économique et social, l'un et l'autre en pleine mutation. C'est la complexité d'un pays qui en fait sa nature et sa richesse ou qui peut perturber son développement. Il n'est pas inutile avant d'agir de rappeler quelques prérequis indispensables pour parvenir avec succès à générer du progrès durable. Bien entendu, cette liste n'est pas exhaustive. Chaque point évoqué et avant tout une source de réflexions à méditer.

La confiance passe par le retour à l'emploi

Les propositions de Jacques Martineau

Le retour à la confiance passe d'abord et avant tout par la création d'emplois. L'évolution à la baisse du nombre de chômeurs sera l'un des premiers indicateurs pour combattre la morosité. Pour parvenir à favoriser le retour à l'emploi, il faut favoriser l'activité et d'abord prioritairement l'activité marchande grâce à un contrat d'activité au bénéfice des chômeurs et des sans emploi. Les TPE, PE et ME sont à l'affût de ses encouragements. Elles représentent plus d'un million et demi d'emplois potentiels. L'activité ainsi produite engendrera de la richesse qui aidera à développer la croissance en favorisant l'investissement et la consommation. Eux-mêmes permettront de créer de l'emploi durable. Soit 1 million d'emplois et 10 milliards de recettes par an. C'est un cercle vertueux de la réussite qui se met en place.

Les propositions de Pierre Gattaz

De son côté Pierre Gattaz, faisant mine de s'appuyer sur des solutions européennes, propose aussi la création d'1 million d'emplois d'ici 2020. Il juge que « notre modèle social est à bout de souffle ». Le Medef est convaincu d'y parvenir en s'appuyant sur une série de recommandations qui complèteraient les conditions du Pacte de responsabilité. Cette approche à caractère législatif tourne autour des points suivants : « remise en cause des 35h ; suppression de 2 jours fériés ; Smic et contrats aidés ; contrats de projets ; recul de l'âge de départ à la retraite ». Ce projet plus radical n'est pas synonyme de réussite. Il a pour objet essentiel de mettre le gouvernement sous pression et d'interpeller les syndicats et autres partenaires sociaux. En clair, il faut retenir que 40 milliards d'allègements de charges ne suffisent pas.

Le moyen de convaincre : savoir communiquer

Chacun sait que la communication est l'outil indispensable de la démocratie. Mais, elle est très mal utilisée et pas assez dans le sens positif. La forme prime sur le reste. Elle devient l'essentiel. Une information habile peut cacher en guise de communication une forme de pré manipulation, directe ou indirecte surtout en période électorale où le « trop » de silence est à proscrire. La langue de bois est pesante, mais elle est devenue une réalité au quotidien. La plupart de nos politiques ne savent plus s'exprimer sans en user en quasi permanence. La notion de discussions en « off » autorise d'autres interprétations. Au-delà de la presse d'opinion sur laquelle il s'appuie, le politique sait comment tirer le meilleur profit de l'information qu'il transmet pour tenter de convaincre et pour mettre en cause ses concurrents, quitte à tromper l'opinion publique.

Les réseaux sociaux, Facebook et Twitter complètent un pseudo-débat citoyen en coulisses que les médias, radios et TV ne manquent pas de relayer pour faire de l'audience. Les éditorialistes des quotidiens et des hebdomadaires, partisans ou non, reprennent les slogans et complètent le décor au travers d'une analyse sémantique exacerbée des textes. Inspirés par une « cacophonie » permanente, certains polémistes, planqués derrière un micro en profitent pour manifester leurs égards subjectifs et impulsifs qui alimentent leur « gagne-pain » quotidien. Ces mêmes moyens de communication dont plus personne ne peut plus se passer, enrichissent ou détournent quelque part le débat. Majorité et opposition s'acharnent au travers de propos « décousus ». Plus personne ne croit personne. L'opinion est manipulée. Le trouble s'installe dans le doute ! Qu'advient-il quand le sentiment qui prédomine dans l'opinion se résume au seul mot de défiance ?

Sur tous les sujets, dignes d'intérêt, s'attacher à informer, à communiquer et surtout à expliquer est un exercice difficile pour un responsable, politique au pouvoir et encore plus pour un chef d'Etat. C'est là que doit porter l'effort d'un premier prérequis surtout en veillant pour l'intervenant à tenir ses engagements et à mettre en avant sa vision d'avenir consolidée. C'est le président américain Abraham Lincoln qui affirmait : « On peut mentir une fois à tout le monde, on peut mentir tout le temps à une personne, mais on ne peut pas mentir tout le temps à tout le monde ».

Article initialement publié sur le site du Club Espace 21

Image Jacques M

Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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