« Trop de revenus sont reliés au capital et pas assez au travail », a estimé Éric Lombard, le directeur général de la Caisse des dépôts, sur BFMTV, le 15 février 2022.
Pour Éric Lombard, « le capitalisme est déréglé »
Le patron de la Caisse des dépôts aurait souhaité que le travail paie plus et le capital moins. Pour Éric Lombard, « le capitalisme est déréglé, et la répartition des richesses est trop divergente par rapport à ce qui revient au capital ». Le directeur général de l’établissement financier s’exprimait ainsi sur le plateau du « Grand journal de l'éco » sur BFMTV, le 16 février 2022. « Dans la période qui s'ouvre, on aura deux raisons de distribuer du pouvoir d'achat »: l'inflation et la transition écologique, qui nécessitera de payer plus cher certains services de base, a poursuivi Éric Lombard.
Si le patron de la Caisse des dépôts est mécontent du poids trop fort, selon lui, des revenus du capital (ce qui est une opinion personnelle), il a tout à fait raison de constater que ce type de revenus tient une place importante en France. En mai 2021, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) publiait une vaste étude sur ce sujet, mettant en exergue le poids très important des revenus du capital pour les plus aisés et son poids, au contraire, très peu important pour les moins riches.
Pour les 10% des Français les plus aisés, les revenus du capital représentent 22,8% de leur niveau de vie
D’après cette étude, la part des revenus du capital dans l’ensemble des revenus est comprise entre 2,7% et 5,8% jusqu’au 8ème décile (en d’autres mots, 80% des Français les moins riches), mais monte à 8,2% pour les personnes des deux derniers déciles (soit 20% des plus riches). Et chez les 10% de personnes les plus aisées, la part des revenus du capital est encore plus importante : ces revenus représentent 22,8% de leur niveau de vie. Les auteurs de l’étude notent par ailleurs que pour les personnes du haut de la distribution, ces revenus du patrimoine correspondent plus fréquemment à des revenus financiers (plan d’épargne en actions, assurance vie, etc.).
De plus, ce n’est pas seulement le poids des revenus du capital qui semble inquiéter Éric Lombard, mais aussi sa place croissante par rapport aux revenus du travail. D’après cette étude de l’INSEE, les salaires ont progressé de 2,9% en 2019, tandis que les revenus de la propriété ont progressé de 3,9% cette même année. En 2018 l'écart a été encore plus évident : +2,8% pour les salaires contre +12,8% pour les revenus de la propriété.